Les petits de décembre
Kahouter Adimi

Le Seuil
septembre 2019
247 p.  18 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

La cité du 11 décembre à Dely Brahim à l’ouest d’Alger, existe depuis 1987, 111 parcelles au départ vendues à des militaires, pas de routes asphaltées, en son centre un immense terrain vague transformé en terrain de foot pour Inés, Jamyl et Mahdi. C’est leur endroit de détente, de liberté.

Un jour débarquent deux généraux : Saïd et Athmane, des plans à la main. Ils admirent ce qui deviendra leur maison. Une dispute éclate, les enfants protestant et réclamant leur terrain de jeux. Youcef, le fils d’un colonel retraité intervient ainsi qu’ Adila, la grand-mère d’Inès, une ancienne moujahida, héroïne de la nation. Les généraux pointent leurs arme sur les enfants et commence une lutte contre le pouvoir. Les enfants n’ont pas dit leur dernier mot…

C’est un combat de David contre Goliath qui commence.

A travers cette querelle, Kaouther Adimi nous parle avec brio de l’histoire de son pays, l’Algérie. Elle nous parle des luttes contre le pouvoir, de la peur semée par celui-ci, du chemin vers la liberté, de l’identité algérienne.

C’est un joli conte à la recherche de la liberté. C’est fin, subtil. L’écriture est efficace, les mots sont doux, empreints de poésie. C’est un chant d’espoir qu’elle nous livre.

Une lecture très agréable.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

Papa si tout le monde ne pense qu’à son petit avenir et son petit confort, comment ferons-nous changer les choses ?

Il ne supportait plus d’entendre le mot « Dieu » dans la bouche des terroristes. Il ne supportait plus de dire le même mot sur son tapis de prières. Les mots. Ils se mélangeaient dans sa tête. Quelqu’un peut-il salir un mot ? Peut-il se l’approprier tant et si bien qu’il finit par vous l’arracher, vous le voler en quelque sorte ? Se battre contre les terroristes, monter au maquis, débusquer les camps, c’était un peu une manière de se réapproprier tous les mots que les intégristes avaient confisqués aux Algériens.

Les temps ont bien changé. Depuis quand laissons-nous faire ?
Depuis que le cours du pétrole a dégringolé, que les réseaux sociaux ne nous permettent plus d’empêcher les gens de parler, commenter, dénoncer. Depuis que tout le monde a un téléphone portable avec lequel prendre des photos et des vidéos. Oui, cher ami, les temps ont bien changé et seuls ceux qui le comprennent peuvent survivre.

Est-ce cela que son père ressentait au fond ? Cette frustration, cette jalousie ? Ne pas faire partie de la rébellion, avoir échoué à l’initier et constater que d’autres, des plus petits que soi réussissent ? est-ce qu’au plus profond de lui, son père ne cherchait pas à empêcher les autres de vivre une aventure que lui, son père ne cherchait pas à empêcher les autres de vivre une aventure que lui et toute se génération n’avaient jamais réussi à lancer ?

Tu parles comme ceux qui ont fait la guerre d’indépendance et qui refusent d’admettre qu’il est temps de passer la main ! Allons, je ne dis pas que nous n’avons rien fait, mais peut-être que nous n’aurons été qu’un simple maillon entre deux grandes générations, que notre rôle aura été de remplir le blanc le temps de ceux d’après arrivent…

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