critique de "Les sœurs aux yeux bleus", dernier livre de Marie Sizun - onlalu
   
 
 
 
 

Les sœurs aux yeux bleus
Marie Sizun

Arlea
1er mille
janvier 2019
387 p. p.  20 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Les trois sœurs

Marie Sizun retrouve là le fil de son histoire familiale entre 1877 et 1939, avec trois héroïnes qu’elle suit depuis leur enfance. Nul besoin d’avoir lu « La gouvernante suédoise », première partie de la saga, pour apprécier cette suite qui donne cependant très envie de remonter la source de l’histoire ! Car Marie Sizun sait réunir les ingrédients irrésistibles d’un bon roman : secrets de famille, amours contrariées, destins de femmes, le tout dans une écriture à la fois réaliste et impressionniste, fluide et agréable.

Les trois filles du veuf

A la mort de leur mère en 1877, les cinq enfants de Léonard Sézeneau, dont le plus âgé n’a que dix ans, se retrouvent seuls avec un père austère et leur gouvernante suédoise, Livia Bergvist. Après avoir inscrit ses deux fils dans une pension militaire, le père, représentant d’une prestigieuse maison de vins française, ne souhaite pas se séparer de Louise, Eugénie et Alice, et les emmène à Saint-Pétersbourg avec leur préceptrice. Pendant six ans, les fillettes côtoient la riche société russe, alors que dans l’intimité s’instille le poison du soupçon à l’égard de Livia. A leur retour en France, cette dernière disparaît de leur vie et les trois filles s’installent dans une station balnéaire de la région nantaise avec leur père. Là, une nouvelle vie commence pour les « sœurs aux yeux bleus », comme on les appelle dans le pays, faite de restrictions, d’ennui et de solitude. Seul l’été avec ses touristes découvrant les bains de mer les tire de leur isolement, mais le reste du temps les jeunes filles se morfondent sans perspective de mariage ni d’avenir autre que celui de veiller sur leur père jaloux. Pourtant des rêves d’évasion et d’indépendance émergent, que la benjamine s’évertuera à réaliser envers et contre tout, avant qu’elles ne se retrouvent toutes trois à Paris avec des destins divergents.

Peintre du temps qui passe, Marie Sizun ancre son roman dans la France de toutes les évolutions : culturelles, artistiques, sociales, médicales. Les trois filles Sézeneau illustrent l’émancipation féminine de cette époque ; de Meudon à Paris en passant par Saint-Pétersbourg et la Côte de Jade, elles conquièrent leur liberté malgré le poids des secrets, les obstacles et les rebondissements dont ce roman sensible et personnel nous régale.

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