Love me tender
Constance Debré

Flammarion
janvier 2020
187 p.  18 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

La mère morte

Dans une société ancestralement polarisée autour du masculin et du féminin, quel châtiment pour la mère qui franchit les limites du sacré ?
Exister librement loin du conformisme et des normes a un prix. Il se paie cash.
Changer de vie pour Constance Debré passe par une décomposition sociale, familiale et identitaire totale comme si pour renaître, il fallait d’abord se désintégrer. Ne rien conserver d’avant dans l’après. Pas de compromis.
Avec ce livre provocant et intense, Constance Debré livre un manifeste contre les institutions, les codes sociétaux, l’ordre établi, non sans oublier de révéler la médiocrité de la figure paternelle. L’émergence de sa personnalité accomplie ne souffre la réminiscence d’un quelconque repère. Pour avancer sur le chemin non balisé de cette nouvelle vie, elle choisit le dénûment, la négligence et le désengagement mais envisage son corps comme ultime point d’ancrage, seul refuge à qui elle témoigne un soin scrupuleux alors qu’elle opère une transmutation identitaire radicale. Mais on a beau vivre au présent sans souci du futur, quelle place laisse-t-on au passé dans cette vie punk. Est-ce qu’une femme que plus rien n’oblige peut conserver sa responsabilité parentale? Est-ce que la mère doit être condamnée pour ses choix de femme. Jusqu’où une mère peut-elle assumer ses choix de femme? Constance Debré, dans une plume brutale et incisive, presque tranchante, dissèque la douleur de la déliquescence inexorable de sa relation avec son fils. Elle explore sans concession la question de la maternité, du genre, de l’amour et de l’attachement, de la résilience dans un style percutant, froid qui assure une distance raisonnable à son émotion comme on confine un réacteur nucléaire . Nous la regardons le ventre noué, parfois même avec sévérité, tenter de s’affranchir de l’amour puisqu’elle ne peut avoir celui de son fils.
Choisir, c’est renoncer. La liberté est à ce prix et laisse la mère morte.

partagez cette critique
partage par email