critique de "Magari", dernier livre de Eric Valmir - onlalu
   
 
 
 
 

Magari
Eric Valmir

Robert Laffont
roman
août 2012
380 p.  20 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
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coup de coeur

L’histoire récente de l’Italie par les souvenirs d’une famille

Ce roman, le deuxième d’Eric Valmir, commence par une explication du mot « magari », Inch’Allah italien intraduisible en français : « Magari est une richesse de la langue italienne qui ne peut se traduire par un seul mot.
C’est un sentiment d’incertitude, de désirs, de rêves cachés, mais qui peut aussi porter en lui la négation et la résignation. Le célèbre dictionnaire franco-italien de Raoul Boch en propose plusieurs définitions: si seulement, j’aimerais bien, qu’il plaise à Dieu, quand bien même, ça ne viendra pas mais attendons quand même, sans doute, probablement, peut-être pas…
Magari, c’est un état d’âme qui se décline à l’infini. » (page 11)

Éric Valmir a été correspondant de Radio France à Rome pendant cinq ans. Ce séjour prolongé lui a fourni la matière de Magari, grande fresque de l’histoire récente de l’Italie portée par la voix de Lorenzo, né au début des années 70, passionné de football que son père, un communiste très militant, tente désespérément d’intéresser à la politique. Lorenzo grandit pendant les années de plomb, s’habituant comme il peut aux fusillades et aux attentats.

Son père et sa mère s’affrontent à propos du passé mussolinien du grand-père : pour le père, c’est une raison pour que Lorenzo n’aille plus chez son papi adoré en Ombrie ; pour la mère, son propre père est avant tout un bon grand-père dont elle ne veut pas priver son fils – et réciproquement.

Tandis que tout est politique, que tout est combat pour les parents de Lorenzo, les rapports de l’enfant à son grand-père sont basés sur des choses simples – les légumes, les oiseaux, la nature.
C’est malgré ce tiraillement que Lorenzo tente de se construire.

Magari commence au début des années 2000. Lorenzo vient de se faire renverser par une voiture. Allongé au sol, il déroule le fil de ses souvenirs. Son modèle, son référent, c’est Pinocchio, qui s’en sort toujours. Comme lui ?

Avec talent, Eric Valmir raconte l’histoire d’un pays, sur une période donnée – trois décennies environ – par le prisme des souvenirs d’une seule famille. Long de près de 400 pages, son ouvrage est un livre plein d’images et une plongée en profondeur dans la société italienne de la fin du XXème siècle. C’est enfin le roman d’apprentissage d’un héros attachant et inoubliable.

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