Mille Petits Riens
Jodi Picoult

Actes Sud
mars 2018
416 p.  23,50 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

[Inspirée d’une histoire vraie]
Etats-Unis – 2015

Pour Ruth Jefferson, ce matin-là devait être une journée comme une autre. Pour les Bauer, une nouvelle vie à trois. Mais l’arrivée du jeune Davis Bauer va totalement bouleverser leurs vies…

Ruth Jefferson est sage-femme et infirmière en obstétrique depuis 20 ans dans le même hôpital. Elle n’a jamais rencontré de problèmes avec qui que ce soit, jusqu’à ce matin où elle vient prodiguer des soins au jeune Davis Bauer, elle ne comprend pas l’attitude des parents à son égard. Le lendemain, elle découvre dans le dossier de Davis qu’elle n’a plus le droit de s’occuper de lui. Mais plus tard quand le nourrisson cesse de respirer, avec Ruth à ses côtés, la coupable est toute trouvée.
Vengeance ? Négligence ?
Le seul tort de Ruth est d’être une afro-américaine alors que Turk Bauer arbore fièrement une croix gammée sur son crâne rasé.
La mort de ce nourrisson va soulever un mal ancré et dissimulé derrière des non-dits…

“Je veux juste être comme tout le monde, […] je veux pas être un cas particulier”

Profondeur et justesse pour ce roman social qui pointe du doigt ces mille petits riens qui derrière des non-dits en disent longs pour beaucoup d’entre nous.
Ces attitudes, ces réflexions, ceux dont personne ne veut admettre, que l’on rencontre au quotidien, ceux qui dit, fait, presque inconsciemment vous font comprendre que vous n’êtes pas tout à fait comme tout le monde.
L’angle pris par l’auteure est judicieux pour ne pas dire brillant. Elle prend le parti d’aborder ce racisme “dissimulé”, de la même manière qu’il est utilisé, c’est-à-dire très subtilement, bien que parfois, certains passages peuvent provoquer un certain malaise.

Le roman tourne essentiellement autour de trois personnages : Turk, Ruth et Kennedy.
On y suit les débuts de Turk et de celle qui va devenir son épouse, Brittany et leurs évolutions dans le milieu des suprémacistes. Puis il y a Ruth et son fils Edison, qu’elle tente d’élever “normalement”, loin de tous ces préjugés et sa façon à elle de s’intégrer dans son propre pays. Et enfin Kennedy, l’avocate commis d’office qui voit le cas de Ruth comme du pain béni pour sa première grande affaire de meurtre.

Un certain nombre de termes médicaux en début du roman qui vont laisser place à une histoire criante de vérité, qui nous met face à nos propres jugements. L’histoire met aussi en lumière les réticences du système judiciaire américain face aux discriminations raciales encore aujourd’hui.

Ces mille petits riens dérangent autant qu’ils vous touchent, jusqu’à vous prendre aux tripes, bousculent les idées préconçues et vous donnent une belle leçon de vie.

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coup de coeur

chronique d’un racisme quotidien

Un roman à trois voix, trois narrateurs qui se partagent le récit, trois personnes qu’un drame va amener à se rencontrer.

Kennedy est une avocate commise d’office, elle ne sera jamais riche, mais elle pourra continuer de se regarder dans une glace. La voilà en charge de la défense d’un infirmière noire accusée d’avoir tué un bébé.

Tucck est un suprémaciste blanc, avec ses amis du White Power, armés de marteaux de tapissier, de crosses de hockey, de matraques ou de barres à mines, ils passent à tabac, les négros, les pédales et les youpins. Son frère aîné a été tué par un nègre. Avec les groupuscules néonazis, skinheads, ils se réunissent le 20 avril pour fêter la naissance d’Hitler. Tout ce qu’il veut c’est offrir à son bébé la plus belle vie possible, mais son fils est mort à la maternité, et c’est la faute à cette négresse d’infirmière.

Ruth, depuis vingt ans elle exerce son métier d’infirmière en obstétrique, elle aide les femmes à accoucher, elle s’occupe des mamans et des nourrissons. Elle est la seule infirmière noire de son hôpital, elle essaye désespérément de s’intégrer sans heurts. Son mari a été tué alors qu’il servait en Afghanistan, son fils Edison, est un étudiant brillant.Mais un jour le train entier de sa vie déraille, elle fait l’objet d’une mesure de suspension, on la tient pour responsable de la mort d’un bébé.

Loin des stéréotypes, une réflexion sur le racisme quotidien dans l’Amérique contemporaine. Un sujet épineux, difficile à aborder, c’est la raison pour laquelle nous l’évitons la plupart du temps. L’auteur décrit parfaitement le cheminement qui va conduire un jeune à s’enraciner dans un racisme militant. Nous pénétrons au coeur de la salle d’audience où une jeune femme noire souhaite simplement que les gens sachent qu’elle a été traitée injustement à cause de la couleur de sa peau. Elle prend le risque de perdre son travail, son gagne-pain, sa liberté, mais elle veut dire la vérité.

Le temps des excuses, du pardon et de la rédemption. Un roman sur les mille petits riens de la vie quotidienne qui ont sur les autres des conséquences importantes. Un livre manifeste contre la discrimination raciale qui ne peut laisser le lecteur indifférent.

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