Monsieur a la migraine
Valérie Cohen

Editions Luce Wilquin
Smeraldine
août 2015
160 p.
 
 
 
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Un régal. Valérie Cohen nous emmène dans un domaine qui suscite énormément d’engouement ces dernières années avec les publications de « Cinquante nuances … », celui du plaisir féminin.

Nous allons rencontrer quatre femmes, quatre histoires, quatre tranches de vie, durant quatre semaines elles vont se côtoyer ; un lien entre elles, un homme : Patrice Denis, c’est un architecte du désir.

Son rôle : réunir ces femmes. Elles partageront leurs secrets les plus intimes, leurs désirs, leurs hontes, leurs envies, le tout entre rires et larmes. Un lien se créera entre elles, une amitié magnifique naîtra. Découvrons-les.

Anna : la cinquantaine, mariée depuis trente ans à Edgard, un mari de plus en plus imbuvable, acide. Elle est emprisonnée, soumise, en quête de liberté. Anna est flétrie, elle se soumet à son devoir conjugal, simule le plaisir. Pour elle la sexualité est synonyme de honte, de crasse.

Noémie : 40 ans, follement amoureuse de son mari mais depuis six mois c’est lui qui a souvent la migraine et une libido en berne. Noémie en souffre.

Julie : 33 ans, divorcée, quatre enfants. Elle est adepte des galipettes, en quête du plaisir et du bonheur dans des relations sans lendemain. Un amant, une rencontre, un orgasme, une douche, c’est simple oui mais pas vraiment son idéal.

Lucia : a quitté son pays l’Argentine, son amant et le plaisir l’a déserté, son corps s’est assoupi, aucun depuis ne lui donne du plaisir.

Le désir féminin est au centre de ce récit avec beaucoup de pudeur, de douceur, de tendresse et d’humour. Valérie Cohen aborde le plaisir, le désir, l’accomplissement de chacun. Joies, frustrations, manques, difficultés rencontrées dans le cadre d’une vie sexuelle épanouie ou non.

J’ai aimé son « architecte du désir », c’est joliment dit qui amènera chaque femme à gagner l’estime de soi, à trouver l’épanouissement. J’ai aussi aimé le lien créé entre ses femmes, une certaine entraide qui les aidera à se trouver et surtout cette belle amitié.

J’ai passé un bon moment à la lecture de ce récit, j’ai retrouvé la plume fluide, tout en douceur et tendresse de Valérie Cohen. C’est avec justesse qu’elle nous dépeint qu’être femme peut être source de joie mais aussi de grandes souffrances.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

On peut très bien vivre sans plaisir, où est le problème ? Cela fait trente ans que je fais illusion. Mieux vaut une existence sans orgasme que sans argent et en mauvaise santé.

Se taire et faire semblant était si facile. Ce qui n’est pas exprimé n’existe pas, ou si peu.

Désirer sans aimer est si facile, mais peut-on aimer sans désir ?

Peut-on aimer par habitude ?

Je voudrais juste être femme, même à temps partiel.

Les pieds ancrés dans le quotidien, la tête dans ses dossiers, il avance dans la vie sans se poser de questions, convaincu que le meilleur est toujours à venir.

Cela doit être ça, vieillir aux côtés d’un être aimé. Remarquer tout ce qui dysfonctionne et en être profondément touchée.

Etre femme ou ne pas savoir comment l’être pleinement. Aucun cours et manuel disponible sur le marché.

Le désir, c’est un peu comme mes abdos. Moins ils travaillent, plus ils se ramollissent.

Une évidence la frappe : si vivre est compliqué, inventer sa vie est un exercice plus fastidieux encore.

Virginité, mère, pénétration, plaisir, violence, désir, orgasme, goût, dégoût, verge, sperme, trahison, père, enfantement, comédie, bonheur, sang, amour, famille, colère, salope, plaisir, haine, lit conjugal. Les mots sont des projectiles lancés à la figure. Certains résonnent avec force.

Et puis, il y a l’Homme. Ses étreintes, son odeur, sa salive, sa langue chaude, sa peau, le goût de son sexe. Celui qui rend un corps joli et fait oublier le temps qui passe. Celui qui prend, s’offre avec talent, ou sait juste recevoir. Celui qui butine, dévore, pénètre, engloutit sa partenaire dans une vague de plaisir et la fait renaître à chaque fois. Celui qui baise ou fait l’amour, fait durer le plaisir ou s’éclipse avant d’en avoir donné. L’homme du désir, le mâle? Celui des adjectifs crus et des caresses libertines. Celui dont il est si difficile de parler. A son sujet, les mots deviennent mièvres ou teintés de laideur, jamais à la bonne température.

En gommant mon plaisir, j’ai oublié la femme en moi. Je l’ai niée, je suis devenue anonyme. Presque invisible.

Retrouvez Nathalie sur son blog 

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