O vous, soeurs humaines
Melanie Chappuis

Slatkine et cie
août 2017
125 p.  12 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Liberté, égalité… sororité !

Voici le livre que l’on a envie d’offrir à toutes ses copines, peut-être même à toutes les femmes de notre entourage. Celles que l’on aime, celles que l’on jalouse, celles que l’on admire ou que l’on déteste, toutes celles qui font partie de cette étrange sororité de la féminité. Dans ces textes courts, entre fragments et nouvelles, Mélanie Chappuis saisit avec une acuité de photographe les courts instants d’échanges, de relation, de connivence ou de rejet entre deux spécimens féminins. Je défie quiconque de ne pas reconnaître au détour d’une page un fragment de sa propre vie. Et de ne pas en sourire.

Rivalités, Solidarités, Dualités, Complicités, Fidélités et Vanités sont les six intitulés des parties qui structurent ce recueil et finissent pas dessiner le portrait de ce qu’on pourrait être tenté d’appeler « la féminitude ». A travers des attitudes, des situations, des confrontations, quelque chose d’invisible et d’insaisissable semble relier toutes ces femmes quels que soient leur âge, leur pays, le contexte dans lequel elles vivent. Et chacun de ces textes est absolument criant de vérité.

Il y a cette scène dans le métro décrite en une quinzaine de lignes, un enfant et sa mère qui attrapent le métro au vol, la connivence quasi immédiate qui se crée entre cette mère et deux autres femmes du wagon autour du petit garçon. Elles sont si différentes mais « L’espace d’un instant, elles ont été les mères du même petit garçon ». Il y a cet entretien plus vrai que nature entre une cadre expérimentée et une toute jeune recrue où se mêlent de façon fugace tous les sentiments qui peuvent habiter une femme qui sait mais qui se révèle nostalgique du temps où elle ne savait pas. Il y a la promesse d’une amitié à laquelle une femme trop méfiante, qui a essuyé trop de déceptions va peut-être céder, pour une fois… « Elle a peur de l’amitié. Elle préfère le bouclier de la solitude. Et pourtant, elle a besoin de cette femme, qui lui rappelle la beauté, la douceur. Elle a besoin de la pureté qui se dégage de leurs regards. Cette femme est un encouragement, une joie. Elle est la possibilité d’une amitié. Une hypothèse. Elle n’ira pas vérifier ». Il y a encore cette scène incroyable dans le restaurant d’un hôtel de luxe, le parallèle entre deux couples aux origines et aux vies totalement opposées et ce regard échangé, quelques secondes de pure connivence entre les deux femmes esclaves des mêmes contraintes par-delà les apparences.

Ces moments de vie, ces scènes du quotidien, ces pensées parasites sont superbement captés par Mélanie Chappuis et surtout incroyablement restituées. Car le texte court est un exercice compliqué, il faut avoir le mot juste et le sens de la mise en scène, la plume aiguisée et le regard vif. Tout ceci est parfaitement réussi et l’on se délecte de ces petits textes savoureux que l’on peut choisir de picorer à la terrasse d’un café en regardant les femmes passer ou de lire d’une traite. On peut aussi choisir de le prêter à son homme pour voir l’effet que ça lui fait. On peut le lire comme on veut, le tout, c’est de le lire.
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