Où bat le cœur du monde
Philippe Hayat

Calmann-Lévy
août 2019
431 p.  20,50 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

« Où bat le coeur du monde » de Philippe Hayat
est le coup de coeur de la Librairie Le Failler à Rennes
dans le q u o i  l i r e ? #78

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coup de coeur

Coup de coeur !

Années 30, Tunis. Le jeune Darius Zaken grandit heureux entre son père libraire et sa mère Stella. Bien que vivant dans le quartier juif, le père, fin lettré, envisage de transférer sa librairie dans le quartier français pour son rayonnement culturel.

Or un matin, des émeutes éclatent, la communauté musulmane estimant que la communauté juive est favorisée par l’administration coloniale. Darius et son père qui revenaient de la synagogue vont se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

La librairie sera saccagée, le père de Darius tué sous les yeux du jeune garçon qui sera lui-même gravement blessé à une jambe. Mais le traumatisme psychologique sera tel que ce dernier va en perdre définitivement l’usage de la parole.

Sa mère fera d’énormes sacrifices pour qu’il puisse suivre une scolarité dans de bons établissements. Darius se bat de toutes ses forces, essaie d’étudier mais l’état de survie psychologique dans lequel il se trouve empêche toute réussite.

Sa rencontre avec une vieille clarinette va lui redonner goût à la vie et la musique qu’il joue avec beaucoup de talent va remplacer sa voix.

Quand l’armée américaine débarque à Tunis en 1943, Darius est âgé de 17 ans. Il fréquente des soldats noirs, musiciens de jazz, et joue avec eux dans des cafés.

Sa vie en sera chamboulée : il va s’engager afin de suivre ces soldats et partir aux Etats Unis pour jouer ce jazz qu’il aime tant.

De galères en tournées dangereuses dans une Amérique ségrégationniste, Darius persiste même s’il connaît le froid et la faim jusqu’à ce qu’une carrière triomphale s’offre à lui.

Au rythme des morceaux de jazz évoqués dans ce formidable roman, on suit avec une grande empathie le parcours de Darius.

Et pour vous mettre dans l’ambiance, écoutez Duke Ellington :

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Sur un air de jazz.

C’est une scène parisienne que Darius a choisi pour son ultime concert après une vie consacrée à la musique.
A ses côtés, Dinah, sa compagne de toujours, celle qui a tout partagé, tout supporté :

« Nos soirs ensemble entre les concerts, je les comptais.
Notre lit, je l’ai partagé avec la musique.
Nos enfants, ce sont tes disques.
Tu as raison, comment j’ai fait pour te supporter pendant soixante-dix ans ? »

Par flash-back, nous nous retrouvons à Tunis où Darius enfant voit son père battu à mort lors d’une émeute.
Le choc et le chagrin sont tels pour le petit garçon, qu’il en perdra la voix à jamais.

C’est en se découvrant une passion pour la clarinette que Darius va pouvoir communiquer à nouveau.
Alors que sa mère se sacrifie pour qu’il fasse de grandes études, Darius va poursuivre ses rêves de musiciens et ce malgré les embûches semées sur son parcours.

Il rencontrera les plus grands sur les scènes internationales, Charly Parker dira de lui :
« Il est boiteux, blanc et muet, il a tous les handicaps, mais je vous jure que vous n’oublierez pas ce gosse. »

Darius est un personnage de fiction qui est entouré par les plus grands noms du jazz, on y croise Billie Holiday, Miles Davis et tant d’autres.

Ce roman ne se contente pas de parler de musique, il est par la magie d’un écrivain de talent, un concert éblouissant où le lecteur se laisse bercer.

Philippe Hayat nous offre de beaux portraits de personnages et de sa plume délicate nous embarque dans une mélodieuse histoire teintée de jazz et d’amour.

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