Par les routes
Sylvain Prudhomme

Gallimard
L'arbalète
août 2019
304 p.  19 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

L’un part, l’autre reste

Le nouveau roman de Sylvain Prudhomme est plein d’une beauté mélancolique. Il y est question de la vie, de l’amour et des chemins que l’on prend. Un homme arrive, un autre part, le premier trouve sa place et le second s’égare.

Sacha, le narrateur, est écrivain. A bientôt quarante ans, il quitte l’effervescence parisienne pour emménager à V., une petite ville du sud : « je comptais mener une vie calme. Ramassée. Studieuse. Je rêvais de repos. De lumière. » Par un de ces hasards dont la vie a le secret, il retrouve à V. un ami perdu de vue depuis dix-sept ans qu’il nomme « l’autostoppeur ». Avec lui, Sacha a sillonné le monde avant d’abandonner le nomadisme érigé par son compagnon de route en mode de vie. Or ce dernier est désormais installé avec femme et enfant, et travaille à son compte dans le bâtiment. Mais derrière cette façade, l’homme n’a pas changé et poursuit ses voyages en autostop quand l’envie lui prend de tailler la route, laissant seuls Marie et Agustín pendant des jours. Au fil des services rendus, des confidences échangées, Sacha se rapproche insensiblement de Marie tandis que l’autostoppeur s’absente de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, animé d’un obscur besoin d’ailleurs, s’effaçant peu à peu comme s’il déléguait sa vie à Sacha, ne se manifestant que par l’envoi de cartes postales : drôle de ménage à quatre…

Réflexion sur la géographie des sentiments, sur les désirs et la liberté dans le couple, le roman définit l’œuvre d’une vie tout en rappelant le mythe d’Ulysse. C’est le retour qui donne son sens au voyage, et sans retour à Ithaque, ici V., l’errance de l’autostoppeur semble dépourvue de sens, n’était celui que lui donne Sacha l’écrivain. Mais comme chez Dante, l’inextinguible soif d’exploration du héros pourrait bien le conduire à la disparition. Du grand art.

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 Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû

J’ai un problème avec les romans actuels dont les personnages féminins s’appellent Marie ou Jeanne. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’on va très très vite se prendre les pieds dans le tapis pour finir la tête dans l’arête du mur le plus proche.
Et le pire, c’est que ça marche à tous les coups.
Parce que ces femmes (est-ce le prénom qui veut ça?), elles sont chouettes, sympas, plutôt pas mal, un peu bohèmes, un brin artistes, écrivaines, traductrices, elles lisent des textes que pas grand monde ne connaît, écoutent de la musique que personne n’écoute, vont parfois au ciné… Dans leur maison, style bourgeois-bohème, de jolis tissus qu’elles ont ramenés de jolis voyages recouvrent les canapés et les lits (parce qu’avant, quand elles étaient étudiantes, elles étaient aussi un peu baroudeuses…)
Dans cette maison, on se sent bien entre amis… On danse un peu en fin de soirée… C’est sympatoche tout plein…
Elles ont des copains cool les Marie et les Jeanne, des mecs pas comme les autres, qu’aiment marcher seuls dans la montagne ou sur les routes, qui se laissent pousser la barbe, qu’aiment pas trop les téléphones portables et qui ne bossent pas vraiment.
Oui, ils sont chouettes aussi les copains des Jeanne et des Marie. Super attachants, pas soumis à la société de consommation, un peu mal dans leur peau. Beaux, bien sûr, jeunes encore (même si ça commence à tourner un peu…)
Généralement, il y a un môme qui traîne dans leurs pattes, on ne sait pas trop pourquoi et eux non plus d’ailleurs…
Et quand on en est là, je me dis qu’on n’est plus à un stéréotype près : un peu de vague à l’âme par-ci par-là, l’envie de revivre une seconde jeunesse (comme-de-grands-ados-qu’-ont-jamais-vraiment-réussi-à-devenir-des-adultes-parce-que-les-valeurs-de-la-société-beurk-beurk), quelques scènes d’amour, deux trois passages où on joue avec le gosse (assis par terre), deux trois balades dans le paysage (un peu gris, c’est mieux), puis un retour à la maison où l’on débouche une bonne bouteille de vin rouge (du pas dégueulasse) que l’on déguste dans un verre ancien chiné en regardant le paysage (toujours tristounet) à travers la fenêtre de la cuisine. Oui, la cuisine, c’est pas mal.
Voilà voilà.
Les Marie et les Jeanne, ça annonce généralement ce type de récit, dans l’air du temps, bobo dans l’âme, un peu platounet dans l’écriture et souvent pas très très original, il faut bien le dire…

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