Parfois on tombe
Solène Bakowski

Favre
janvier 2014
224 p.  18 €
 
 
 
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Tomber pour mieux se relever

« Sarah, la graine doit accepter de tomber et de s’enfoncer si elle veut un jour espérer donner naissance à un arbre. (…) Il n’y a pas de mal à tomber… »

Lorsqu’on découvre Sarah, elle erre dans la rue, hagarde. Son corps avance tel un automate. Elle semble épuisée, vidée. Son esprit est confus, mais les mots sont là, ils tournent en boucles. Sans cesse, elle se repasse la scène. Celle où tout a basculé. La grande fatigue, la grosse déprime, l’énervement incontrôlable. Le geste effroyable, impardonnable qu’elle a commis sur sa petite Louise. La terreur dans les yeux de son enfant, l’incompréhension de Lucas son mari. Des mouvements rapides et une porte qui se ferme derrière les deux êtres les plus importants de sa vie.
Une vie qui lui pesait déjà avant cela, une vie qui était devenue terriblement lourde à porter. Un quotidien usant. Des jours qui se suivent et se ressemblent. Sans joie. Sans plaisir. Des rêves et des aspirations ensevelis par cette existence routinière.
Seule désormais, elle déambule, se traîne dans l’appartement, dans la rue, dans la ville. Elle débranche le téléphone. Se recroqueville. A envie de mourir… Puis, Sarah tente de se resaisir, elle reprend le chemin de l’école, elle part retrouver ses élèves. Sans conviction mais il faut qu’elle fasse quelque chose alors…
Assise à son bureau, face à toutes ces petites têtes qui la regardent étrangement, elle se dit qu’elle ne peut plus continuer ainsi. Une chanson entendue il y a peu lui revient à l’esprit. C’était une chanson chinoise. Elle avait réveillé d’un coup en elle tant de souvenirs profondément enfouis. La Chine. Pays ô combien aimé. Pays où elle a vécu un temps…
Sarah se lève, sans réfléchir, elle quitte la classe, et court. Elle va partir. Elle va retourner en Chine. Partir pour repartir. Maintenant qu’elle est tombée, il faut qu’elle se redresse. Il faut agir. Et la Chine devient pour elle une évidence.
Là-bas, elle fera des rencontres qui lui apporteront la lumière. De l’introspection, des discussions, le rapprochement avec d’autres solitudes, d’autres douleurs, des paysages apaisants, des mots qui soulagent, prendre le temps enfin…
C’est l’histoire d’une femme qui pourrait être la nôtre. Une reflexion juste et sincère sur la vie qui se dérobe parfois. L’écriture est alerte et sensible. En revanche, le ton pédagogue de la postface m’a un peu gênée. Le message est parfaitement bien délivré dans le roman, il n’était, selon moi pas utile d’ajouter ce texte. Un roman et une auteure à découvrir.
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