Piero solitude
Leonor Baldaque

Verdier
mars 2020
86 p.  13,50 €
 
 
 
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coup de coeur

Le peintre et l’auteure

Écrire les émotions et les sensations que procure la peinture est un défi. Leonor Baldaque, comédienne et auteure, est tombée amoureuse de celle de Piero della Francesca. Dans ce livre, tout à la fois récit poétique, rêverie, dialogue, interrogation sur la création, elle raconte cette histoire d’amour entre elle, la femme de mots, le peintre du Quattrocento et son double contemporain.

Entre le passé de la création et le présent de la contemplation, « tes pensées, sont-elles encore quelque part, dans ce pays et ces étoiles ? », demande Leonor Baldaque à Piero. Si l’œuvre du génie traverse le temps, il est difficile de se hisser à sa hauteur, de l’atteindre dans son lointain, « alors, touche-moi, toi » : voici l’exigence de la spectatrice qui attend la grâce. Et celle-ci advient, telle une expérience mystique. Le regard se remplit de la surface et de la profondeur, une transsubstantiation s’opère, la réalité de la peinture fait corps avec celle qui sait la regarder. La narratrice entre à l’intérieur du tableau, se love entre les plis de la cape de la Vierge de la Miséricorde, s’y abrite comme sous une tente. Par ailleurs, « voir Piero, c’est faire » ; la création de l’auteure se nourrit de l’art du peintre italien, son écriture s’en inspire, comme un passage de flambeau. Dans le silence et la solitude, « l’univers […] envahit l’être », la pensée advient, puis les mots, puis le texte. L’œuvre de Piero, c’est la vie, des hommes, des femmes, des chevaux, la nature, le ciel. La vie comme aujourd’hui, réelle dans sa lumière, vive dans ses couleurs, tangible dans sa perspective. L’essentiel, à la fois secret et révélé, comme l’amour, se met alors en mouvement, se déplaçant du tableau à la rue, du livre au dehors, libre et vivant.

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