Poésie du gérondif : Vagabondages linguistiques d'un passionné de peuples et de mots
Jean-Pierre Minaudier

Le Tripode Editions
avril 2014
157 p.  14,70 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Minaudier n’est pas synonime de minauderies

Gérondif (définition du petit Larousse) : En français, forme verbale terminée par-ant et précédée de la préposition en, qui sert à décrire certaines circonstances de l’action. (Le gérondif fonctionne comme un complément circonstanciel de cause, de concession, de condition, de manière, de temps ; son sujet sous-jacent est identique au sujet du verbe principal : En sortant, j’ai vu qu’il pleuvait.) D’office je vais l’utiliser car, en lisant ce livre, il m’est souvent arrivé de sourire, voire rire, oh pas trop fort, j’étais dans un train. La quatrième de couverture nous en apprend sur l’homme et son amour, que dis-je, sa gourmandise concernant la lecture et la linguistique. Cet amour, il le transmet dans son livre avec une verve, des trémolos dans les mots, un plaisir quasi charnel. Son livre, savant, érudit mais pas redondant, avec quelques piques bien senties « Et les Aztèques : qu’est-ce qui a bien pu pousser cette peuplade californienne à aller faire du tourisme au Mexique (je visualise un camping-car décoré de fleurs jaunes sur fond violet d’où s’échappe un air de Joan Baez, lancé à la poursuite d’un aigle entrevu dans un nuage de marijuana lors d’un trip particulièrement réussi), poussant même une reconnaissance jusqu’au Salvador (le fameux dialecte pipil) . Vous apprendrez qu’en inuit « Tuktusiuqatiqarumalauqpuq » signifie « Il désira avoir un compagnon de chasse au caribou », que chidinaa’na’ibee’eld??htsohbikàà’dahnaaznil?g?i, « voiture qui glisse sur le sol avec de gros fusils dessus » parle en fait d’un tank !! Ce fut un délice de lecture. Pierre Minaudier parle avec facétie de son amour des mots, des langues rares, des grammaires. J’aime son addiction. Ses déclarations d’amours dithyrambiques adressées aux éditions de Gruyter-Mouton trouvent leur acmé page 130. En voici quelques exemples sobres ! « Que tous les sains du paradis intercèdent en leur faveur au jour du jugement », « Elles sont le sel de la terre ! » Un livre qu’il ne faut pas lire d’une traite, mais où il fait bon vagabonder, s’abandonner. Jean-Pierre Minaudier a superbement traduit de l’estonien les livres d’Andrus Kivirähk, l’homme qui parlait la langue des serpents et les groseilles de novembre.

Retrouvez Zazy sur son site

partagez cette critique
partage par email