Que tout soit à la joie
Emmanuelle de Boysson

Héloïse d'Ormesson
juin 2019
220 p.  18 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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L’émancipation incertaine

Juliette Monin est une fille d’extraction bourgeoise, de bonne famille, qui a confortablement vécu, en Alsace, au Maroc. Elle s’installe à Paris. Nous sommes dans ces années soixante-dix, cette parenthèse enchantée marquée par la recherche de l’émancipation générée dans le sillage de Mai 68, où tout semble à portée de réalisation. Juliette veut s’émanciper, elle tombe amoureuse de Jean-Michel Dumontel jeune homme rencontré lors d’une réception de présentation tenue au domicile de ce dernier. Pourtant, les contradictions ne manquent pas de perturber le parcours de Juliette : comment aimer sans se trahir ? Comment prendre ses distances avec ses origines, son milieu ?

Objectif difficile, mais Juliette, qui comprend très vite que Jean-Michel Dumontel ne lui vouera jamais une passion amoureuse sincère et intense, décide de se consacrer au théâtre, puis à l’écriture. N’est-elle pas la nièce du Cardinal Paul Dantec, auteur d’ouvrages théologiques et décédé chez une prostituée…Qui était-il vraiment ? Un homme cachant une double vie et un secret inavouable, ou un individu réellement soucieux d’aider son prochain ?

Juliette, qui s’est entre-temps mariée, cherche sa voie : l’écriture ou le théâtre ? Elle prend des cours, entre en contact avec le milieu de l’édition, vit en colocation avec d’autres jeunes filles, se frotte aux réalités de la coexistence. C’est un portait plaisant que nous livre Emmanuelle de Boysson dans son nouveau roman. Ce personnage de Juliette nous attache, car il n’est pas monolithique, il est en proie au doute, au questionnement .

L’époque est bien restituée :les ambitions d’une partie de la jeunesse, celle des grandes écoles, des beaux quartiers, sont décrites avec justesse. Que tout soit à la joie illustre bien les difficultés d’une émancipation réussie : vivre et réaliser ses choix, triompher au bout du compte de la culpabilité et de la douleur : « Non, je ne saborderai pas ce que j’ai de plus précieux ( …) Je ne veux pas être dépossédée de mon livre. Je ne veux pas qu’il soit réécrit, je ne veux pas d’un ouvrage formaté . » L’auteure de ce roman choisit le pardon comme réponse à la question soulevée au début du récit. Pourquoi pas ?

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