Rouge encor du baiser de la reine
Anne Karen

QUIDAM
mai 2018
128 p.  14 €
 
 
 
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coup de coeur

Amour, gloire et vanité, c’est Byzance.

Dans ce premier roman à la langue riche, à la syntaxe chantournée et au style baroque, Anne Karen fait revivre Byzance sous le règne de l’impératrice Zoé Porphyrogénète (1028-1050), à travers le prisme d’une passion, celle de Nicétas, eunuque nain favori de la reine Zoé et laudateur de Michel Psellos, philosophe et conseiller impérial. Le narrateur original se glisse entre ces deux figures historiques, la reine sensuelle et l’intellectuel controversé…

A l’heure où il narre cette histoire, Nicétas s’est retiré au monastère du mont Olympe en Bithynie, où Michel Psellos, tombé en disgrâce pour ses idées néoplatoniciennes, doit faire profession de foi. C’est à son adresse que Nicétas écrit en secret, confessant son adoration pour la reine Zoé dont il a été le confident, l’initiateur sensuel et le complice des aventures adultères. Fille de Constantin VIII, Zoé Porphyrogénète fut confinée au gynécée jusqu’à l’âge de cinquante ans, avant de succéder à son père et de se marier à Romain Argyre qu’elle empoisonnera. A sa place, elle met sur le trône son jeune amant Joseph, dont la mort prématurée laisse le champ libre à un tyran qui sera renversé. Fait inédit, Byzance est alors dirigé par Zoé et sa sœur Théodora, avant l’avènement de Constantin Monomaque. Vierge de cinquante ans mariée trois fois, impératrice, reine exilée de retour par la volonté du peuple, Zoé finira dévote et recluse. Meurtres, luxure, insurrections, complots, prodigalités, le nain des alcôves dévoile tout, revenu de la vanité des honneurs et du théâtre du pouvoir.

C’est pour les idées nouvelles de Psellos, ses leçons de poésie, de rhétorique et de sciences, que notre personnage abandonne ses penchants lascifs. Mais l’admiration le dispute à la jalousie, et tout comme avec l’impératrice, Nicétas aspire à une relation exclusive avec ce maître porté par d’autres ambitions. Dans un si court roman, et avec un talent exceptionnel, l’auteure nous immerge dans cette cour byzantine turpide, digne d’une tragédie racinienne.

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