Ta fille morte
Alex Berg

Jacqueline Chambon
janvier 2016
260 p.  22,80 €
ebook avec DRM 8,49 €
 
 
 
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nuit blanche

Un huis-clos glacial.

Caroline Wolf vient de perdre sa fille Lianne. Elle avait 27 ans et a été tuée par un chauffard. Cela faisait vingt-huit années que Caroline n’était plus venue dans la maison de son enfance, dans le Nord de la Suède. C’est là qu’elle se réfugie pour trouver la paix et le réconfort quittant Hambourg où elle exerce son métier de traductrice. Mais que fuit-elle réellement? Elle va renouer avec son passé. Son ex-amant Ulf Svensson aujourd’hui à la tête de la criminelle à Stockholm arrive lui aussi. Hasard, coïncidence ? Ou cherche-t-il autre chose ? On se retrouve dans des paysages somptueux, il fait froid, une tempête de neige va créer un huis-clos et faire revivre le passé. C’est bien d’un polar dont on parle ici, même si vous l’aurez compris, il va faire revivre une ancienne histoire d’amour. Que cache Caroline ? Pourquoi est-elle partie en abandonnant Ulf sans explications il y a vingt-huit ans ? Je n’ai pas pu lâcher ce bouquin avant de l’avoir terminé, impossible. J’ai vraiment aimé sa construction. Caroline revient et on l’accueille comme si elle était partie hier, sans lui poser de questions. On y retrouve peu de personnages ; il y a Caroline, Ulf, Björn et Maybritt. Peu à peu on découvre la vie de Lilli (diminutif de Caroline). J’ai apprécié la simplicité de l’écriture, allant à l’essentiel, la description des paysages qui vous coupe le souffle, la tension croissante au fil du récit. Un huis-clos glacial ou la passion rime avec tension et frisson. Une belle découverte pour laquelle je remercie Actes Noirs.

Ma note : 9.5/10 , un presque coup de coeur. Les jolies phrases: Ici, les hommes, la terre, le lac faisaient corps. Le lac était omniprésent et vital, comme l’air que l’on respire. Même l’hiver, lorsque tout avait gelé et que la neige recouvrait la terre. Pour la même raison qu’on ne cherche pas à ouvrir un cercueil vingt ans après pour savoir ce qu’il reste. Tu te bats avec la vie et le temps passe sans que tu t’en aperçoives. Tu ne ressens pas la même chose? Entre-nous, ça s’appelle vieillir. Durant des années, il l’avait évité comme on évite de retourner sur une scène de crime, et longtemps il avait préféré faire un grand détour. Mais avec le temps, la douleur s’était estompée et, avec elle, l’amertume. Il n’en restait qu’une mélancolie sourde. Elle dit qu’être revenue ici lui a fait prendre conscience de ce qu’elle avait tant cherché durant toutes ces années. Leurs retrouvailles avaient ravivé ce sentiment de confiance, que seuls les vrais amis partagent, et grâce auquel se renouent les fils avec les dernières conversations insouciantes comme si l’on s’était quitté la veille. En tout cas ce soir-là, elle avait cru qu’une certaine proximité des sentiments existait encore entre eux malgré la longue séparation. Chaque être humain, doué de sentiments, devra un jour se demander si l’amour, le grand amour, celui qui vous dévore le coeur, en vaut vraiment la peine. Et s’il aura le courage de le vivre jusqu’au bout. Parfois, il valait mieux tirer un trait sur le passé pour oublier et même pardonner plutôt que de s’ingénier à chercher une explication à tout, à rouvrir constamment les vieilles blessures. Quand les gens se mêlent des affaires des autres sans qu’on leur ait demandé quoi que ce soit, ça se passe rarement bien. Un vide aussi froid et dense qu’un écran de brume. Ici près du lac, elle avait réussi à effacer ce vide, mais elle avait toujours su que ce répit ne serait que de courte durée. Que cette quiétude et ce bonheur inattendus ne dureraient qu’un temps. Le bonheur n’avait toujours fait que traverser son existence.

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