Ténèbre
Paul Kawczak

La Peuplade
janvier 2020
320 p.  19 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Au coeur des ténèbres

Voici un premier roman magistral, un roman d’initiation, d’aventures, d’amour et de mort entre Conrad et Bataille, à la saveur âcre et à l’odeur faisandée. Nous sommes en 1890 : Pierre Claes, un jeune géomètre belge à la tête farcie de romans d’aventures, est envoyé au Congo que l’Europe s’est partagé lors de la Conférence de Berlin cinq ans plus tôt, afin de déterminer le tracé exact des frontières permettant l’exploitation des ressources naturelles du pays. Il prend ainsi la tête d’une expédition fluviale dotée d’un équipage bantou commandé par un capitaine danois, et assisté par un Chinois qu’il a rencontré à Léopoldville. Xi Xiao, éperdu d’amour pour Claes, est un maître tatoueur et un artiste du lingchi, ou de la mort extatique par découpe progressive du corps. Très vite, le géomètre est témoin des abjections de la colonisation : pillage du pays, réduction des populations en esclavage, crimes, viols ; la cruauté, la bêtise et l’arrogance des Européens le dégoûtent. Son élan s’épuise rapidement, il contracte la malaria et la mélancolie s’empare de lui. Affaibli et désabusé, il rencontre le docteur Vanderdorpe, tout aussi malade et neurasthénique, qui attend la mort en évoluant dans les souvenirs d’un passé amoureux et tumultueux en Belgique et en France où il a côtoyé les poètes symbolistes. Animés initialement par le désir d’un nouveau départ, le goût de l’inconnu ou des idéologies progressistes, les protagonistes semblent intoxiqués par le poison de la folie qui se diffuse lentement. Avec une écriture à la fois lyrique et réaliste, envoûtante et puissamment évocatrice, Paul Kawczak tient son lecteur en haleine, tissant des fils subtils qui unissent les personnages et les enferment dans le piège d’une toile d’araignée venimeuse. Absolument hypnotique.

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