Trois mille chevaux vapeur
Antonin Varenne

ALBIN MICHEL
avril 2014
560 p.  22,90 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Aventure, polar, western, road-movie etc…

Pour être honnête, ce roman lu dans le cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche ne m’attirait absolument pas. Au visuel, à l’épaisseur – c’est tout de même un pavé de 691 pages – et au quatrième de couverture, aucune attirance. Je pense que je ne me serais jamais arrêtée sur ce livre. Quelle grossière erreur, car j’ai vraiment passé un super moment. C’est un livre à surprises, touchant à plein de registres, il vous emmène dans un voyage avec dépaysement garanti à travers le monde. Tout commence en Birmanie le 17 avril 1852. Le sergent Arthur Bowman va accomplir une mission secrète qui tournera mal. Il n’était pas censé revenir. Emprisonné, torturé pendant presqu’un an, vivant l’horreur il reviendra pourtant étant un des dix survivants. On retrouve Bowman à Londres en 1858, il est dans la police. Il boit, fume de l’opium pour oublier la barbarie qu’il a connu. D’atroces cauchemars le poursuivent. Un jour, un corps est retrouvé atrocement mutilé dans les égouts de Londres. A côté de lui, tracé avec le sang un mot « SURVIVRE ». On veut faire porter le chapeau à Bowman. Il partira à la recherche des neuf autres survivants pour trouver le coupable de ce meurtre. La recherche l’emmènera outre-Atlantique, il traversera les Etats-Unis. Une épopée qui prend alors la forme d’un western, road-movie, polar avec un brin de mélo. Des ingrédients distillés avec parcimonie. Prenez un zeste de guerre anglo-birmane, une pincée d’espionnage et de mission secrète, ajoutez-y un brin d’enquête policière, un grand bol d’aventure, d’espace, de large, un soupçon d’histoire d’amour, un brin d’humanité, un désir de vengeance et de justice, ajoutez-y quelques Indiens, des meurtres, des chercheurs d’or, du Far-West. Le résultat est un voyage garanti qui vous tient en haleine passant d’un genre à l’autre avec brio. C’est une belle découverte. Une plume séduisante, pleine de talent et de ressort. Ma note : 9/10 un beau voyage.

Les jolies phrases « Parce qu’une bagarre, c’est comme une guerre : faut reconnaître le vainqueur pour savoir qui a raison de se lancer dedans. Et que parfois c’est celui qui voulait pas se battre qui gagne. Alors c’est lui qu’avait raison. Pour votre malheur, Bowman, vous avez survécu à des choses qu’un homme normal n’aurait pas supportées. Vous auriez dû vous tuer depuis longtemps, mais si vous ne l’avez pas fait, c’est qu’il y a en vous quelque chose de plus fort que ce dont vous avez été victime. C’est à vous de choisir, maintenant, ce que vous allez faire pour continuer à survivre. Souvenez-vous que celui que vous chercherez vous ressemble, mais que peut-être il n’est pas aussi fort que vous. La nouvelle que vous apportez, monsieur Bowman, c’est qu’il n’y aura pas de nouveau monde. Parce qu’ici la liberté de devenir soi-même s’offre aussi à des monstres comme votre ami. Et face à eux nous ne sommes pas suffisamment armés. C’est le combat d’hommes comme vous, et tant que vous existerez nous resterons des utopies. Vous êtes une objection à notre projet. Nous croyons connaître les papillons de nuit parce qu’ils viennent tourner autour des lampes, alors qu’ils vivent dans l’obscurité. Quand ils sont attirés par la lumière, ils ne sont plus eux-mêmes et deviennent fous. Peut-être que cette communauté est une de ces lumières, un éclairage trompeur, et que la vérité est dans l’obscurité, là où ne pouvons pas voir. La première bataille dans une guerre, c’est de savoir attendre. Raconter quelque chose de douloureux, cela ne fait souvent que ranimer la souffrance. Notre rencontre était bonne, c’est la récompense de ceux qui voyagent seuls. Mais je dois aussi continuer ma route. Les Blancs nous tuent parce que nous sommes les Indiens. Je ne crèverai pas parce que j’en suis un. Ils veulent nous forcer à changer, alors j’ai caché l’Indien au fond de moi. Ils ne le trouveront pas. Les Blancs ont inventé en Amérique un pays sans passé pour avoir une vie nouvelle. Mais cette terre a une mémoire. C’est pour ça qu’ils nous tuent, pour l’effacer. Les indiens ne se serrent pas la main, peut-être la seule chose que nous aurions dû apprendre de vous. Malheureusement, tellement de mensonges ont été scellés par une poignée de main que nous sommes devenus réticents à cette tradition. Il ne faudrait le faire qu’entre amis.

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