Un an après
Anne Wiazemsky

Gallimard
blanche
janvier 2015
208 p.  17,90 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

La fin d’un mariage

Il y a deux ans, on abandonnait Anne Wiazemsky tout à son nouvel amour pour Jean-Luc Godard, à l’aube de mai 68. En quelques mois, elle avait tourné, sous sa direction, « La Chinoise », ils s’étaient mariés, et elle avait pu entrevoir que son nouvel époux n’était pas un personnage ordinaire ! Dans « Un an après », elle raconte la suite et on y retrouve la même spontanéité, le même charme que dans son récit précédent. Godard et Anne sont encore mariés, mais les choses se compliquent : le cinéaste suisse a la sensibilité à fleur de peau, il se montre d’une extrême susceptibilité, d’une infinie jalousie et, au fond, rêverait d’avoir une femme qui lui soit dévouée à plein temps. Mais à cette époque, Anne est encore une toute jeune fille, elle a la fougue et l’inconscience de son âge. Pas question qu’elle se prive d’un tournage avec Bertolucci ou Pasolini, aucune raison non plus que les manifestants de mai 68 l’empêchent de vivre, ni même de circuler dans Paris (en patins à roulettes). La fêlure entre les deux (deux personnes, deux pays, deux générations) commence à se creuser. Pour Godard, tout est politique ; pour Anne au contraire, tout ou presque est source de divertissement, de curiosité. Avec une belle honnêteté, elle ne se donne pas le beau rôle, n’essaye pas de faire croire qu’elle fut une militante de la première heure, mais se décrit telle qu’elle se souvient d’avoir été, une jeune fille pas très rebelle (cela dit, elle avait quand même bravé  sa famille pour épouser son amoureux), libre, bourgeoise, et plus intéressée par le cinéma et sa carrière que par les pavés de mai. On assiste aussi à la lente désintégration d’un mariage. L’amour est toujours là, mais le quotidien est devenu de plus en plus houleux. « A nos chemins professionnels qui avaient déjà commencé à se séparer allait lentement s’ajouter une conception différente de la vie, de l’amour et de la mort. » Tout est dit. Il n’y aura pas de volume 3 sur l’idylle Godard-Wiazemsky. Dommage.

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