Un endroit d'où partir - Vol 1. Un vélo et un puma
Aurelia Jane Lee

Editions Luce Wilquin
smeraldine
avril 2016
256 p.
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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Voyage, voyage….

Nous sommes dans une Amérique du Sud imaginaire, à une époque assez lointaine où l’on se déplaçait encore à cheval, dans un autre temps.

Un bébé est retrouvé dans le porche d’une église par la mère Esperanza qui dirige un couvent. On lui donnera le nom de Juan Esperanza Mercedes de Santa María de los Siete Dolores. C’est la jeune soeur Mercedes, âgée d’une vingtaine d’années qui s’occupera de lui comme si c’était son propre fils.

Juan grandira entouré de femmes (les soeurs) et de Dieu. Âgé de neuf ans, il partira faire une « expédition » en vélo et se perdra. Incapable de retrouver son chemin, il sera recueilli dans une hacienda où il aura la chance de recevoir une éducation et de s’ouvrir à la peinture mais aussi à l’amour.

Neuf années plus tard, il prendra une fois encore un nouveau départ.

C’est le premier volet d’une trilogie palpitante. Aurelia Jane Lee nous propose ici une saga subtilement bien construite.

Elle s’attache aux personnages qui ont croisé le chemin de Juan. Au fil des pages ces différentes personnes prendront de l’épaisseur. On pourra les voir évoluer et constater que le départ de Juan a fait prendre un autre cours à leur existence.

Elles prendront leur destin en main, dans des directions qu’elles ne soupçonnaient même pas.

La vie, en effet pourrait être tout autre en fonction de nos choix. Nos choix peuvent être influencés au contact ou à la perte d’un être cher qui éveille en nous des joies ou des souffrances.

Sans le savoir, sans s’en apercevoir, Juan leur montre le chemin à prendre.

C’est un livre initiatique. Juan va découvrir l’amour, le sexe, avoir des rapports ambigus avec la religion. C’est aussi un livre qui nous parle de résilience et du pouvoir de l’art sur nos vies.

La plume est magnifique inspirée comme le dit l’auteure de Gabriel Garcia Márquez et Carole Martinez entre autres. Les différents protagonistes évoluent au fil des chapitres tour à tour en parallèle à Juan.

J’ai juste l’envie de me plonger dans le second tome paru en octobre.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

La soeur Mercedes lui appris qu’on avait qu’une bouche, mais deux yeux et deux oreilles parce qu’entendre et voir était deux fois plus important que de parler.

Souhaiter le bien est une chose, imposer sa vision du bien et prendre soin des autres selon ses propres critères peut mener à des dérives.

Juan était capable de penser, de raisonner, d’analyser, d’interpréter, de commenter, d’argumenter, de démontrer, de critiquer et même, au besoin, de mentir, de tromper les sens ou de piéger. Il savait aussi peindre, avec une aisance tout à fait scandaleuse.

Seule la vie vous apprend que c’est toujours possible autrement.

Être en présence l’un de l’autre les comblait, tant ils avaient craint auparavant que cela ne leur fut jamais permis.

Il ne lisait pas trop vite, ne mangeait pas la fin des phrases et semblait, à chaque virgule, regarder à gauche puis à droite comme on le fait à un carrefour avant de traverser. A chaque point, il baissait les paupières un court instant, comme s’il était conscient qu’entre deux phrases, tout un éventail de variantes existait, alors qu’une seule se réaliserait; et c’était comme s’il rendait par là un hommage silencieux à toutes les éventualités restées sur le côté.

En somme, elle considérait les personnes comme des ingrédients à cuisiner ou des pigments à mélanger, leurs vies comme des fils à tisser, et si cela avait de grands avantages, cela allait également, mais elle l’ignorait encore, lui coûter cher.

Si l’on attend trop avant de le cueillir, le fruit quelquefois vous éclate entre les mains, son jus se répand partout, sucré et collant, vous tachant les doigts, et vous n’avez d’autre choix que de le consommer sur place, avidement, pour ne pas le perdre.

Un peintre pouvait exposer ses toiles, mais les toiles exposaient aussi le peintre.

C’était comme ça dans le monde. Quand venait l’été, ce n’était plus le printemps, même s’il en restait le souvenir, même si l’un avait amené l’autre, même s’il y avait des ressemblances entre les deux.

Au fil de sa vie, elle avait appris à tout retenir, se rendant compte que c’étaient là les seules richesses que personne ne pourrait lui voler, qui ne prenaient pas de place et qui l’aideraient toujours, aussi seule se retrouvât-elle.

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