critique de "Un été", dernier livre de Vincent Almendros - onlalu
   
 
 
 
 

Un été
Vincent Almendros

Les Editions de Minuit
romans
janvier 2015
95 p.  11,50 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Le cœur au bord des lèvres

Moins de cent pages. Un livre court, très court même, mais qui ménage son plus bel effet. Un pur concentré de chaleur et de sensations moites et odorantes. Celle de la Méditerranée au cœur de l’été dans le sud de l’Italie. Un huis-clos filial et sentimental sur un bateau qui s’appelle « Reviens », un petit voilier vieillot à la coque « plus vraiment blanche, mais d’un gris érodé, verdi d’algues …» En quelques phrases ramassées, mais loin d’être sèches tant elles sont riches de sens et de sensations, l’auteur pose le décor et impose son atmosphère. L’air y sera rare, les enjeux entre les personnages tendus. Ils sont quatre. Deux frères, Pierre et Jean. La femme du premier, Jeanne, et l’amoureuse scandinave du second, Lone. Et le lecteur d’embarquer avec eux le temps d’une croisière qui, pour l’un des couples, est de la plus grande importance.

Si dans cette histoire brève la température ne cesse d’augmenter, ce n’est pas seulement dû au soleil, c’est aussi celle du désir. Et les non-dits, les silences, les doubles sens rendent l’air encore plus suffocant. Quand Pierre a le cœur au bord des lèvres, ce n’est pas seulement pour évoquer un mal de mer. L’auteur fait filer ses pages comme portées par le vent vers une résolution de l’histoire comme seuls les meilleurs nouvellistes en maîtrisent la magie. Une fois le livre refermé, l’envie vous saisit d’en reprendre la lecture pour découvrir ce qui aurait pu nous échapper, ces indices semés malicieusement par Vincent Almendros pour induire avec subtilité ce qui allait advenir.  Mais aussi pour le bonheur de replonger en plein cœur de l’hiver dans la lecture de cet élégant second roman à la poésie fiévreusement ensoleillée, comme le montre cette scène où Pierre enduit le dos de Jeanne de crème solaire : « Sa peau se constella d’étoiles laiteuses, et je laissai mes mains glisser dessus, son dos était brûlant (…/…) Je sentais sous mes doigts le contact de  ses grains de beauté. Je m’y réhabituais, lentement, comme un aveugle lit le braille. » Voici un jeune auteur très prometteur à suivre absolument. Car en littérature la simplicité et l’efficacité, c’est tout un art.  

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