Voyageur Malgré Lui
Tran Huy Minh

Flammarion
litterature fra
août 2014
230 p.  18 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Le voyage ou l’exil ?

Comment ne pas plonger dans cette lecture qui appelle avec son titre provocateur ?

Il faut que je sois honnête avec vous: j’ai beaucoup aimé ce livre et je souhaite vraiment vous donner l’envie de le lire. Mais ce n’est pas simple du tout de vous en parler sans trop dévoiler de ce qui en fait un texte original et touchant.

Sachez qu’il y a un ALLER dans ce voyage, une première partie, où Line, la narratrice, nous raconte quatre personnages qui vont connaitre ces voyages malgré eux. Faire cet aller avec elle, c’est comme s’installer confortablement dans un train, regarder le paysage défiler et laisser s’enchainer les pensées comme elles viennent. Tout commence avec Albert Dadas qui est atteint de dromomanie: rassurez-vous, je ne connaissais pas ce mot non plus, avant ce livre, mais j’ai été fascinée par ce qu’il définit et vous allez l’être aussi ! Il y a Thin, aussi; celui que Line a toujours qualifié d' »oncle bizarre »et dont la vie se heurtant à l’histoire du Vietnam va être celle d’un exilé. Samia, elle, ne devrait rien avoir à faire dans ce récit puisqu’elle nait en Somalie, pays ravagé par la guerre. Son destin la conduira au J.O de Pékin puis… Un autre voyage exile qui lui vaut sa place dans ce livre, finalement. Pour finir, Hoai, jeune fille vietnamienne qui… non, c’est décidé, je m’arrête là, il faut vraiment que vous découvriez par vous même ces destinées que les départs ont façonné.

En plus, il reste le RETOUR à effectuer, cette deuxième partie où la voix de Line va interroger son père. Parce qu’elle veut comprendre les racines de sa famille, savoir d’où elle vient. Elle veut que ce père silencieux lui raconte son enfance, lui dévoile son passé, ces évènements qui ont fait l’homme qu’elle connait. Les confidences qu’elle finira par recueillir et qu’elle nous livre se mêlent à celles de son père qui va enfin se laisser aller à raconter. « Nous avons essayé de vous donner l’enfance dont nous avons été dépouillés, loin de la pauvreté, de la terreur et des deuils. Je ne vous avais jamais rien confié de ce que j’avais vécu avant. À quoi bon charger vos épaules d’une pénible mémoire ? »

C’est une belle lecture, douce et fluide avec un soupçon d’amertume dans ces destins bousculés par l’histoire du Vietnam, l’exil, le voyage .

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