Yanick Lahens
Points
janvier 2018
 6,50 €
 
 
 

l  a   c  r  i  t  i  q  u  e   i  n  v  i  t  é e  

Marie Chaudey (La Vie) a choisi
« Douces déroutes » de  Yanick Lahens paru chez Sabine Wespieser

Je suis Yanick Lahens depuis ses débuts, elle est pour moi l’une des plus grandes romancières de langue française. Dans ces « Douces déroutes », elle se saisit du polar et tord ce genre à sa manière.

Le livre débute par une lettre magnifique, déchirante, d’un juge intègre à sa femme. Le cadre de l’histoire, c’est le chaudron de Port au Prince, une ville d’une corruption totale où chacun, de bas en haut, essaye de survivre. Yanick Lahens a l’habitude de dire que Haïti est comme une voiture en panne au bord de la route, dans laquelle chacun vient se servir, même lorsu’il ne reste plus qu’une carcasse.

Elle connaît sa ville comme sa poche parce qu’elle y habite, et même si elle vit dans un quartier privilégié, son bureau donne sur une bidonville.

Dans ce roman, elle se glisse dans la tête de plusieurs personnages, du petit brigand, au jeune avocat qui se demande s’il va rester intègre ou pas, en passant par Brune, la fille du juge assassiné qui ne sait pas si elle doit partir ou rester. Une question que tous les jeunes de là-bas se posent. C’est une manière chorale et très riche d’entrer dans Port au Prince.

Ce livre est sombre, mais éclairé par des moments de paix durant lesquels des gens de bonnes volonté se retrouvent pour dîner autour de l’oncle de Brune, Pierre. Des moments comme doit les vivre Yanick Lahens qui adore cuisiner et recevoir chez elle toutes sortes de personnes.

Son écriture est très charnelle, belle et forte. Une écriture qu’elle fourbit jour après jour en vivant dans sa ville. On sent que ce qu’elle écrit, ce n’est pas du chiqué. »

Propos recueillis par Pascale Frey
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