o n  l  a  v u
  Modern Love  
Quelques maux d’amour

Tout ce que vous savez sur l’amour sans jamais avoir osé le dire. C’est le principe de Modern Love. La nouvelle série d’Amazon, en ligne le 18 octobre prochain. Il faut avoir le goût du risque pour oser un titre de série quasi programmatique. Oui, donc, l’amour moderne, vous avez quatre heures…  ou, en langage audiovisuel, huit épisodes de trente minutes. Vingt-un ans après Sex and the city et sept ans après Girls, il fallait oser monter au front des « relationships », comme les nomment les Américains, aussi directement. C’est pourtant exactement le propos de la dernière née des créations originales du géant du streaming. Nous et nos relations. Le terrain miné des sentiments. Attention gros danger de mièvrerie.

bande annonce

Il faut d’emblée relativiser la bravoure de la démarche. Les décideurs d’Amazon studio étaient sûrs de leur coup. Ils pouvaient. Avant d’être une série, Modern Love était une colonne dans le New York Times. Une colonne vénérée par ses fidèles depuis 2004. Un espace dédié à l’amour moderne. Romantique. Fraternel. Familial. Une aire carthartique. Dédiée aux toutes petites choses de la vie. Des choses qui ne se mesurent pas en pourcentages, ni en indices. Mais fondamentales à hauteur de ceux qu’elles concernent et qui ont décidé de le faire savoir au reste du monde sous la forme d’un essai dans les pages du New York Times.

D’abord devenue un podcast dit par les voix les plus glamour de la scène américaine, cette colonne a donc finalement donné naissance à une série. S’emparer d’un objet sacré pour des centaines de milliers de lecteurs demandait un certain investissement. C’est peu dire qu’il a été fait. Les huit épisodes sous forme d’anthologie réunissent un casting hors du commun. Anne Hathaway, Tina Fey, Dev Patel, Andy Garcia… Des stars qui prennent un plaisir manifeste à interpréter la partition de luxe qui leur a été offerte par l’Irlandais John Carney. A la fois scénariste, réalisateur et producteur, il a voulu réunir ses comédiens préférés pour rendre hommage à la colonne du Times, bien sûr, mais aussi pour défendre une idée qui lui est chère. Aujourd’hui, plus que jamais, l’amour est la seule certitude a-t-il affirmé au site américain Deadline, spécialisé dans l’actu du show business.

La seule certitude, d’accord. Mais il n’affirme cependant pas que les certitudes sont des trucs faciles à vivre. Entre le très mélancolique épisode du couple qui s’est manqué à cause d’un roman volé dans un train, celui des deux époux qui tentent de recoller les morceaux entre une séance de thérapie et une partie de tennis ou celui consacré à une jeune femme bipolaire habituée à renoncer à la possibilité d’aimer, l’amour moderne est compliqué. C’est dans ces instantanés de névroses que tient toute la réussite de la série. À la manière de Woody Allen, version inspirée, mais en plus grave, la série nous charme dans un New York de carte postale. Et, au moment où l’on dépose les armes en souriant béatement à notre écran, elle nous met le coeur à l’envers. Comme l’amour…

 
 
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