Marguerite Duras
Minuit
septembre 1984
142 p.  12,50 €
ebook avec DRM 8,99 €
 
 
 

Lire c’est déjà sortir !
le coup de coeur d’un écrivain

Philippe Besson
nous conseille la lecture de 
L’Amant
de Marguerite Duras

« Que je vous dise encore, j’ai quinze ans et demi. C’est le passage d’un bac sur le Mékong. » Juste avant, Marguerite Duras a évoqué son « visage lacéré de rides sèches et profondes, son visage détruit. » Et en une incise, presque une parenthèse, elle nous transporte dans l’Indochine de sa jeunesse.

Nous voilà sur le ferry, dans « la grande plaine de boue et de riz du sud de la Cochinchine » avec la jeune fille un peu trop fardée, portant un chapeau extravagant et une paire de talons hauts, exhalant une sensualité dérangeante, accoudée au bastingage. Une limousine noire apparaît. A son bord, un homme très élégant, qui n’est « pas un Blanc. » L’histoire peut commencer.

Une histoire de désir, de plaisir, de possession, de sexe décomplexé, à l’abri des persiennes, dans une chaleur étouffante.

Une histoire de dominant et de dominé, où le colonisé renvoie la fille de colons à sa misère, prend sa revanche, affirme son pouvoir, avant que la Blanche ne l’emporte à nouveau sur l’autochtone par la seule puissance de son corps, de sa jeunesse, de son insolence.

Une histoire de famille aussi, avec une mère désaxée luttant en vain contre les éléments, un frère aîné violent abusant de son impunité, un cadet fragile qui y laissera sa peau.

L’histoire d’un empire qui s’écroule et d’un écrivain qui naît. Car l’écriture arrive chez Duras à ce moment-là, la nécessité de l’écriture, la folie de l’écriture, et plus jamais ça ne repartira.

« L’Amant » n’est pas seulement un livre que j’aime. C’est un livre qui me hante. P.B.

 
 
partagez
partage par email