Franck Thilliez
Fleuve Éditions
mai 2019
550 p.  22,90 €
ebook avec DRM 17,99 €
 
 
 
Franck THILLIEZ
Pocket
mai 2018
528 p.  8,70 €
 
 
 
Franck THILLIEZ
Pocket
mai 2017
624 p.  8,70 €
ebook avec DRM 17,99 €
 
 
 
Franck THILLIEZ
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mai 2016
656 p.  8,70 €
 
 
 

Quel lecteur êtes-vous Franck Thilliez ?

« Je rêvais de faire peur à des gens
que je ne connaissais pas »

En quinze ans, Franck Thilliez s’est faufilé dans le peloton de têtes des auteurs de polars, ceux dont les tirages atteignent six chiffres. Dans « Luca », son nouveau roman, on retrouve son couple d’enquêteurs fétiche, Lucie Henebelle et  Franck Sharko, complètement débordés par le nombre d’affaires qu’ils ont à traiter.  

Ce qui est étonnant avec Franck Thilliez, c’est que contrairement à 99% des romanciers qui ont toujours rêvé d’écrire, l’idée ne lui en avait jamais traversé l’esprit jusqu’à ses vingt-sept ans. En revanche, la lecture a toujours fait partie de sa vie… Rencontre chaleureuse et littéraire dans un café bruyant de la place Monge.

Lisiez-vous lorsque vous étiez enfant ?
Mes premiers souvenirs datent de mes huit, neuf ans, où je dévorais « Fantômette », « Le Club des cinq ». Je viens d’un milieu ouvrier. Dans ma famille, il n’y avait pas de livres, alors j’allais les chercher dans des brocantes, ou dans les bibliothèques. Et pour mon anniversaire ou à Noël, je recevais des bandes dessinées, comme Tintin, Astérix.

Je n’ai pas de souvenir précis des histoires, mais en revanche je garde en tête des images du « Club des cinq » lorsqu’ils se trouvaient dans des grottes, ou sur des îles en train de mener l’enquête. J’ai réalisé la force que pouvait avoir un livre, lorsque des années après ces souvenirs restaient si vivaces. Cela m’a toujours fasciné. Je n’ai d’ailleurs jamais été influencé par un auteur à proprement parler, mais par les sensations qu’il réussissait à provoquer chez moi. Et notamment la peur, puisque j’adore ça !

En grandissant, avez-vous gardé ce goût pour la peur ?
La lecture des livres de Stephen King fut un des grands plaisirs de mon adolescence. Je les dévorais. Je regardais aussi beaucoup de films d’horreur. Définitivement, j’aime avoir peur.

Vous arrivait-il d’imaginer que vous passeriez que de l’autre côté de la barrière et que vous deviendriez écrivain ?
Pas du tout. Mais je me représentais par exemple Stephen King dans sa maison, assis dans un fauteuil. Et je me disais, c’est incroyable, il est en train de me terroriser, de m’empêcher de dormir, et il ne sait même pas que j’existe. Je ne voulais pas écrire, mais je rêvais de faire peur, moi aussi, à des gens que je ne connaissais pas !

A part Stephen King, que lisiez-vous ?
Des romans d’aventure, comme « Croc Blanc » de Jack London. Mais je revenais souvent aux histoires policières, où l’on essaye de comprendre qui a fait le coup. Celles d’Agatha Christie, de Maurice Leblanc, de Conan Doyle. J’ai lu une première fois « Le chien des Baskerville » vers quatorze ans, et je l’ai relu il y a deux ou trois ans, ce qui m’a permis de comprendre à quel point il constituait le fondement du genre policier. C’est ma bible.  

Vous ne lisiez vraiment rien d’autre que des thrillers ? 
A l’école, j’étais bien obligé. J’ai un souvenir formidable d’un professeur de français de 3e, qui nous a encouragé à lire « Le Horla » de Maupassant, « Salambo » de Flaubert, « Germinal » de Zola. Il était capable de nous transmettre son amour pour la littérature. Et puis il y a un auteur que j’ai découvert un peu plus tard, Steinbeck, et qui me marque encore aujourd’hui. A l’époque du lycée, je n’étais pas un gros lecteur, je préférais le cinéma… s’il me faisait peur. J’ai été terrorisé par « L’exorciste », « Le silence des agneaux », tous ces films très sombres qui m’ont marqué, et même traumatisé. Je faisais des cauchemars récurrents. En littérature, comme au cinéma, j’aime qu’on me raconte des histoires, comme j’aime les raconter à mon tour aujourd’hui. J’écris pour mes lecteurs, et à chaque mot, à chaque phrase, je pense à eux et essaye d’imaginer dans quel état ils seront.

Quelles études avez-vous faites après le bac ?
J’ai suivi une école d’ingénieurs, spécialisée dans l’électronique. Pendant cinq ans, je n’avait le temps pour rien d’autre que mes études. Mais je continuais à avoir un sommeil cahotique, à faire beaucoup de cauchemars. Comme si tout ce que j’avais accumulé pendant ces années de lectures terrifiantes n’était pas ressorti. J’ai commencé à travailler, et au bout de deux ans en entreprise, je me suis remis à lire.

Qu’avez-vous découvert à ce moment-là ?
J’ai commencé par « Le vol des cigognes » de Jean-Christophe Grangé, et j’ai adoré. Cela correspondait à tout ce que j’aimais. Puis j’ai découvert Maxime Chattam qui débutait. Et là, pour la première fois, je me suis dit que j’allais essayer moi aussi d’écrire. Il y avait une histoire qui revenait toutes les nuits. Elle m’empêchait de dormir. C’était en 2002, j’avais vingt-sept ans, j’étais en train de regarder la télévision, et je me suis mis à mon ordinateur. Je n’ai plus jamais arrêté. A partir de ce premier texte, mes cauchemars se sont arrêtés. Il m’a fallu deux ou trois livres pour tout évacuer. Mes lecteurs me disent souvent que mes premiers romans sont très très noirs. Ils ont raison, et j’ai peu à peu évolué.  

Avez-vous continué à lire ?
Evidemment. Parce que j’adore ça d’abord, et aussi pour essayer de comprendre la mécanique interne. Je ne suis jamais jaloux, souvent admiratif. Je trouve qu’il y a une bonne écurie française. J’aime beaucoup Caryl Férey, Michel Bussi qui a un vrai sens du rebondissement. Il écrit depuis des années et restait dans l’ombre. Mais il n’a jamais lâché le morceau et il a eu raison. J’aime beaucoup Bernard Minier, Karine Giebel, Olivier Truc, Olivier Norek, Franck Bouysse. Je lis aussi Michael Connelly, Dennis Lehane, Jo Nesbo. Et puis les best-sellers comme « Avant d’aller dormir », « La fille du train », pour voir comment ça marche. Le polar évolue. Aujourd’hui, on ne peut plus écrire une histoire qu’on oublie vite sans rien apprendre. Les lecteurs veulent que l’auteur soit sérieux dans son travail, qu’il s’interroge sur la société.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans un livre ?
La solidité de l’intrigue. Mais la clé, ce sont des bons personnages. On doit avoir de l’empathie pour eux. Il faut aussi qu’ils portent les thèmes que j’ai envie de traiter, souvent des sujets un peu scientifiques mais qui nous concernent tous.

 

COMMENT LISEZ-VOUS ?

E-book ou livres papier ?
Livres papier, mais je vais acheter une tablette, car il y a tout un tas de romans tombés dans le domaine public, comme ceux d’ Edgar Poe que j’ai envie d’avoir toujours sur moi.

Marque-pages ou pages cornées ?
A mon grand regret, pages cornées. Et j’annote mes livres, quand il y a des sujets qui m’intéressent. Beaucoup de mes livres de documentation sont massacrés.

Debout, assis ou couché ?
Toujours assis, dans un fauteuil.

Jamais sans mon livre ?
Je prends souvent le train, et j’ai toujours un livre, que je ressors parfois de ma biblitothèque.

Un ou plusieurs à la fois ?
Un, car j’aime me plonger dans un univers. C’est pareil dans l’écriture. Je préfère ne travailler que sur un projet à la fois

Combien de pages avant d’abandonner ?
Avant, j’allais le plus loin possible. Aujourd’hui, je n’ai plus le temps de me forcer, alors je dirais une vingtaine de pages. On voit vite si c’est trop mal écrit, si l’on n’accroche pas…


L’ORDONNANCE DU Dr.THILLIEZ

« Les raisins de la colère » de John Steinbeck

« Germinal » d’Emile Zola

« La ligne verte » de Stephen King

« Le chien des Baskerville », de Conan Doyle

« Les rivière pourpres » de Jean-Christophe Grangé

Propos recueillis par Pascale Frey

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