Guillaume MUSSO
Pocket
mars 2016
576 p.  8,40 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 

Quel lecteur êtes-vous Guillaume Musso ?

« J’aime bien lire mes copains »

Guillaume Musso est l’écrivain le plus lu de France et il a même conquis le monde, puisqu’il est traduit dans quarante langues. A l’occasion du lancement à six chiffres (450.000 exemplaires) de « La fille de Brooklyn », un thriller qui nous fait voyager entre Paris et New York, nous l’avons rencontré chez son éditeur, tout en haut de la Tour Montparnasse, pour parler de ses lectures. Qui, comme vous pourrez le constater, sont nombreuses, variées et passionnées.

Etiez-vous un enfant lecteur ?
Je suis né à Antibes, où ma mère dirigeait la bibliothèque municipale. J’ai donc grandi au milieu des livres mais, jusqu’à mes onze ans, je ne lisais que de la bande dessinée. Ma mère me disait gentiment et souvent, « ce serait bien que tu essayes aussi autre chose », mais il n’y avait aucune obligation.

Quand s’est produit le changement ?
Lorsque j’étais en sixième, je passais les vacances de Noël chez mes grands-parents, et il n’y avait absolument rien à lire à l’exception des « Mémoires du général de Gaulle » et des  « Hauts de Hurlevent ». J’ai choisi Emily Brontë ! Et ce fut un grand choc. J’étais émerveillé par la force des personnages, le côté gothique, cette passion tourmentée, et surtout par l’idée qu’une histoire née dans l’esprit d’une jeune Anglaise il y a plus de cent ans, avait un tel impact sur moi, gamin français. Cela provoqua un vrai déclic. J’ai commencé alors une adolescence lectrice avec beaucoup de classiques, français et russes, et le souvenir de grands marathons de lecture pendant les vacances.

Vous n’avez pas du tout lu de livres pour enfants ou pour adolescents ?
Aucun. Je suis passé de la bande dessinée à la littérature pour adultes. Mais à la maison, pour mes parents, la culture était un plaisir, quelque chose de très ouvert, sans snobisme. On nous recommandait de lire Balzac, Tolstoï, mais aussi Barjavel, Pagnol, des BD. D’aller au cinéma voir un film de Claude Sautet, mais aussi « Les bronzés », tout en restant conscient que tout ne se vaut pas.

Avez-vous le souvenir de grands chocs littéraires ?
« Le hussard sur le toit » et « Un roi sans divertissement » de Jean Giono, Maupassant, tout Pagnol après mes devoirs le mercredi après-midi, Dumas, Zola, « L’écume des jours » de Boris Vian, « La cousine Bette » de Balzac. Ce qui me plaisait, c’était la psychologie et la complexité des personnages, cette idée qu’il y a le meilleur et le pire en chacun de nous. Et puis j’ai découvert la littérature américaine grâce à « Des souris et des hommes » de Steinbeck. Mais tout a basculé lorsque notre professeur de français, Monsieur Casanova, a organisé un concours de nouvelles que j’ai gagné. Mon texte s’intitulait « Fenêtre sur rue », un clin d’œil à Hitchcock. Je suis passé de lecteur à apprenti écrivain. Le fait que quelque chose sorti de mon imagination puisse avoir un intérêt pour d’autres, a changé ma vie.

Qu’avez-vous fait après votre bac ?
Avant de commencer des études d’économie, je suis parti aux Etats-Unis où j’ai fait plein de petits boulots. J’avais emporté avec moi pas mal de romans : « Aurélien » d’Aragon, Proust que j’ai découvert là-bas. C’était étrange de lire une langue aussi travaillée dans ce contexte. A mon retour, j’ai lu pas mal d’auteurs américains. Pas seulement des classiques, mais aussi des contemporains. Pour moi « Le prince des marées » de Pat Conroy reste ce qui se fait de mieux : le souffle, la saga, la psychologie, la nature, une belle langue. Mais aussi « Le maître des illusions » de Donna Tartt, « Necropolis » d’Herbert Lieberman, un roman d’une noirceur absolue, mais très humain. Je pourrais encore citer « L’après-midi bleu » de William Boyd,  « L’œuvre de Dieu, la part du diable » de John Irving.

Pendant vos études, aviez-vous encore le temps de lire pour le plaisir ?
Oui, et en même temps je prenais des notes pour un roman. J’ai écrit un premier manuscrit que je n’ai jamais envoyé. Et puis le suivant a été publié par Anne Carrière, en 2000. L’année suivante, j’ai eu un accident, j’ai percuté un sanglier sur l’autoroute, je n’ai pas été blessé, mais ma voiture a été pulvérisée. Dans les jours suivants, l’accident est revenu comme un flash, avec l’obsession que la vie pouvait basculer à tout instant. Je me suis mis à lire beaucoup de documents, des récits de gens qui ont frôlé la mort et j’ai eu l’envie de parler de ça. C’est devenu « Et après ». Et j’ai continué à lire bien sûr : Stephen King par exemple et je me suis dit, ouah, il arrive à intégrer des élements de fantastique dans un quotidien d’apparence banale. C’est un prétexte pour parler d’autre chose. Voici donc la raison pour laquelle mes premiers livres sont imprégnés d’éléments de fantastique.

Lorsque vous lisez aujourd’hui, arrivez-vous à ne pas chercher les secrets de fabrication ?
Parfois oui, parfois non. J’annote beaucoup, et même si je vois les secrets et que c’est bien fait, c’est un autre plaisir, celui d’un artisan.

Pouvez-vous à lire en période d’écriture ?
Oui, j’aime bien lire mes copains. Maxime Chattam, qui a mon âge et avec lequel j’ai commencé. Frank Thilliez, Jean-Christophe Grangé que j’admire beaucoup, qui a défriché le chemin pour tous les raconteurs d’histoire. Il écrit depuis vingt ans, et ne s’est jamais reposé sur ses lauriers.  

Avez-vous eu de gros coups de cœur récemment ?
« Le cercle de la croix » de Iain Pears, que j’ai relu récemment. Une merveille du même niveau que « Le Nom de la rose ». Mais j’ai oublié de vous parler de « Belle du seigneur » d’Albert Cohen, que j’ai lu à 17 ans. Un choc. Ça vous remue, change votre conception du rapport entre les hommes et les femmes. C’est à la fois l’un des romans les plus tristes et l’un des plus drôles. Je l’ai lu, relu, l’ai offert à tout le monde. J’étais fou de ce livre. Et puis je m’en suis détaché, et j’ai surtout cessé de l’offrir à mes petites amies  car il raconte la passion qui fait mal, et qui ne peut jamais se transformer en amour. Je ne l’ai plus relu depuis longtemps…

COMMENT LISEZ-VOUS ?

marque-pages ou pages cornées ?
Pages cornées, à part dans les Pléiade ! Je n’ai aucun fétichisme de l’objet livre. Et je les rachète en permanence.

Debout, assis ou couché ?
Les trois. Au petit déjeuner debout en donnant le biberon à mon fils, sur un canapé c’est pas mal, et au lit bien sûr.

Jamais sans mon livre ?
J’ai toujours un livre avec moi. Et j’ai surtout une vingtaine de romans téléchargés sur mon téléphone.

Un ou plusieurs à la fois ?
Toujours plusieurs. En ce moment je lis les entretiens de Billy Wilder avec Cameron Crowe, « Immortelle randonnée » de Jean-Christophe Rufin, « Toutes les vagues de l’océan » de Victor del Arbol.

Combien de pages avant d’abandonner ?
Une vingtaine, et ensuite je picore un peu dans le livre.

L’ORDONNANCE DU Dr. MUSSO

« Le prince des marées » de Pat Conroy

« Le cercle de la croix » de Iain Pears

« Une prière pour Owen » de John Irving

« Belle du seigneur » de Albert Cohen

« Le hussard sur le toit » de Jean Giono

 

Propos recueillis par Pascale Frey

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