o n  l  a  v u
 The Big C 
« Vivre ou… vivre ?
Là est la question »

 

Finalement, la vie, c’est quoi ? Confinement oblige, les questionnements existentiels ont fleuri en ce printemps si particulier. Finalement, la vie, c’est que tu en fais… répond brillamment « The Big C ». Une série qui ne pourrait parler que de la mort puisque son héroïne Cathy Jamison est atteinte du Big C. Du cancer. Un cancer en phase terminale. On le sait dès le premier épisode, il ne lui reste plus qu’un an à vivre. A priori, la tension est donc nulle. Pourtant épisode après épisode, la dramaturgie s’installe jusqu’à nous captiver bien plus qu’un thriller. Car Darlene Hunt, sa créatrice, s’adresse directement à nos tripes. À cette peur viscérale qu’on enfouit en nous pour chasser le spectre de la maladie. Si on n’y pense pas, cela n’existera pas. Une déclinaison de la technique de l’autruche…

Sur notre terreur, la scénariste a décidé de poser des mots. Les mots des maux quotidiens qu’affronte son héroïne. Les bleus à l’âme. Le bleu physique laissé sur sa peau par les injections à répétition. Pourtant « The Big C » est tout sauf une série clinique. Le contraire d’une plongée abyssale dans la maladie donc dans la mort. La série relève de l’élévation. Elle raconte en creux nos choix, nos doutes, nos renoncements, nos rêves bridés, nos aspirations secrètes. Comme un strike au bowling, la pathologie les met à plat. Mais Cathy décide de se relever. De réinitialiser sa vie. Elle donne dans l’optimisation et la poésie. Évidemment elle pense d’abord à son fils. Certains épisodes autour de la maternité sont d’une beauté absolue. Mais elle pense aussi à elle. À cette vie qu’elle va devoir accepter de quitter. À ce qu’elle veut faire du temps qui reste.

La grande force de « The Big C » est qu’elle refuse d’exploiter le filon lacrymal. L’émotion y est traitée avec délicatesse. C’est cela qui touche le plus finalement. Le questionnement de Darlene Hunt est d’une sincérité absolue. Son écriture est si fine qu’elle approche au plus près des battements de cœur terrorisés de ses personnages. Sa troupe d’acteurs sait la préciosité de ce qu’ils ont à jouer. Ils le respectent. Et s’en emparent. Tous sont parfaits. Laura Linney dans la rôle de Cathy est merveilleuse. Ils nous retournent. Nous bouleversent. Mais on les quitte avec le sentiment de savoir un peu plus quoi faire de nos vies.

Marianne Levy
 The Big C. iTunes Store. 4 saisons. Voir la bande annonce

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