Madeline Miller
Traduit par Christine Auche
Pocket
best
mai 2019
576 p.  8,50 €
 
 
 

Librairie The Red Wheelbarrow (Paris)

illustration Brigitte Lannaud Levy (Dr.)

Tout perdre et reconstruire. C’est ce qui est arrivé à Pénélope Fletcher lorsqu’en 2012 elle a été contrainte de mettre la clé sous la porte de la librairie anglophone qu’elle avait créée douze ans auparavant dans le quartier du Marais, rue Saint Paul : « The Red Wheelbarrow Bookstore ».  Au fil du temps, ce lieu était devenu une institution pour les amoureux des lettres dans la langue de Shakespeare.  La communauté anglophone, lecteurs et auteurs,  en était d’autant plus consternée que  « The Village Voice »  à Saint Germain des Près  venait elle aussi de fermer définitivement après trente ans d’existence. D’où la joie, en septembre dernier, de découvrir la réouverture de la ravissante enseigne de Pénélope Fletcher de l’autre côté de la Seine, en face du jardin du Luxembourg,  9 rue de Médicis derrière la fontaine du même nom.  Pénélope, la plus parisienne des Canadiennes, libraire depuis l’âge de 19 ans, ne pouvait en rester là  et se résoudre à un échec lié à des raisons avant tout personnelles. Après un retour aux sources de deux ans dans son pays d’origine sur la côte ouest du Canada,  c’est avec un optimisme chevillé au cœur et soutenue par une dizaine de bienveillants partenaires financiers qu’elle a pu remonter sa charmante librairie que l’on a un immense plaisir à retrouver.   Pour comprendre l’esprit tout en délicatesse de « The Red Wheeelbarrow Bookstore », rien de mieux et de plus simple que de lire le poème dont il s’inspire de  William Carlos  Williams (1883-1963) . Ce poète pédiatre et médecin l’a écrit auprès d’un jeune patient malade, dont il sauva la vie, pour évoquer la fragilité de l’existence.
XXII From Spring and All (1923)

so much depends
upon

a red wheel
barrow

glazed with rain
water

beside the white
chickens

Quels romans  nous recommandez-vous de lire ?
« Washington black » de Esi Edugyan ( Colombie britannique), l’histoire d’un gamin de 11 ans qui échappe à l’esclavage dans une plantation de canne à sucre à la Barbade, aidé par le frère de son maître

Et « Once upon a time in the east. A story of growing up »  (Penguin)  de  la romancière, poètesse et réalisatrice chinoise Guo Xiaolu qui écrit en anglais. Un roman d’apprentissage autobiographique d’une jeune femme entre deux cultures à la recherche de son identité  profonde entre Beijing et Londres.
Enfin un récit autobiographique très vivant de Deborah Levy romancière britannique  qui nous raconte sa crise de la cinquantaine dans « The cost of living » (Bloomsburry)  qui est la suite de « Things I don’t want to know » (Penguin)  publié en 2013.

Un premier roman a-t-il retenu votre attention ?
« Walking on the ceiling »  qui sort ce mois–ci. Aysegul Savase viendra à la librairie pour le présenter. Elle a grandi entre la Turquie et le Danemark. Elle a un talent fou .

Y a-t-il un essai que vous pourriez nous conseiller ?
« Why I’m no longer talking to white people about race ».  Reni Eddo-Lodge est une journaliste et écrivaine britannique dont le livre, pourtant très juste, sur le racisme ordinaire a déclenché une véritable polémique au Royaume-Uni.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« The over story » de Richard Powers (W.W Norton & Company). Un roman sur nos liens avec la nature et la communication avec les arbres.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Circé » de l’Américaine Madeline Miller (Bloomsbury). Dans ce roman  elle nous dresse un portrait captivant de l’ensorcelante  déesse qu’Ulysse avait croisée dans l’Odyssée.  Experte en sorts et poisons, c’est la figure mythologique de la sorcière par excellence.

 Quel livre pour les plus jeunes nous recommandez-vous ?
« The tiger who came to tea », écrit et illustré par la Britannique Judith Kerr. Un livre publié en 1968 dont le succès ne s’est pas démenti avec une histoire toute simple, mais pleine de charme et si joliment illustrée.

Il y a aussi « Paris-chien : adventures of an expat dog » de Jackie Clark Mancuso. L’histoire d’un petit Norwich Terrier qui arrivant  à Paris découvre que les chiens français ne parlent que français.  (La librairie parisienne)

Brève de librairie
Avec le temps, les libraires développent une sorte de 6eme sens et peuvent presque deviner voire anticiper les désirs des lecteurs  et  trouver ce qui peut leur convenir. J’ai une anecdote amusante avec ma psychanalyste qui me déclarait ne pas parvenir à trouver un roman qui lui plaise. Elle allait même jusqu’à en déduire qu’elle n’aimait pas lire de romans tout simplement. Et puis je lui ai mis entre les mains « The saturday morning murder » de Batya Gour  qui raconte un crime psychanalytique et son enquête. Et c’était gagné, elle l’a dévoré et découvert les joies de la littérature.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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The Red Wheelbarrow Bookstore
9, rue de Médicis
75006 Paris
01 42 01 81 47

 

 
 
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