b i e n t Ô t


«Vinegar Girl» de Anne Tyler, traduit de l’anglais par Cyrielle Ayakatskas paraîtra le 3 mai aux Editions Phébus

Les recherches du docteur Baptista sont sur le point d’aboutir, mais le visa de Pyotr, son assistant, expire dans quelques semaines. Et sans lui, il n’y arrivera pas. Seule solution, un mariage blanc avec sa fille Kate qu’il va tenter de convaincre.

En voici le début :

« Kata Baptista jardinait derrière la maison quand elle entendit le téléphone sonner dans la cuisine. Elle se redressa et écouta. Sa sœur était à l’intérieur, mais elle n’était peut-être pas encore réveillée. Il y eut une deuxième sonnerie, puis deux autres, et quand elle finit par discerner la voix de sa sœur, c’était simplement l’annonce du répondeur. « Salut, salut ! C’est nous ? On dirait bien que nous ne sommes pas là ? Alors laissez un… »

Kate regagnait déjà les marches du perron à grandes enjambées, balayant les cheveux qui lui tombaient sur les épaules en poussant un « Tss ! » d’exaspération. Elle s’essuya les mains sur son jean et ouvrit violemment la porte moustiquaire. » Kate, décroche », disait son père.

Elle souleva le combiné :

-« Qu’est-ce qu’il y a ?

-J’ai oublié mon déjeuner. »

Les yeux de Kate glissèrent vers le plan de travail près du réfrigérateur où, en effet, le déjeuenr de son père attendait à l’endroit exact où elle l’avait posé la veille au soir. Elle utilisait toujours les sacs en plastique translucides des supermarchés, et le contenu de celui-ci était donc bien visible : une boîte à sandwich Tupperware et une pomme. « Exact », fit-elle.

-Tu peux me l’apporter ?

-Quoi, maintenant ?

-Oui.

-Mince, père ! Je ne suis pas le Pony Express.

-Tu as autre chose à faire ?

-On est dimanche ! Je désherbe les hellébores.

-Oh, Kate, ne fais pas ta mauvaise tête. Allez, sois gentille, grimpe dans la voiture et fais un saut par ici.

-Grrr », lâcha-t-elle avant de raccrocher brutalement et d’attraper le sac en plastique sur le plan de travail.

Cette conversation la troublait à plusieurs égards. Premièrement, elle avait tout simplement eu lieu ; son père se méfiait pourtant du téléphone. A vrai dire, son laboratoire n’en était même pas équipé, ce qui signifiait qu’il avait dû appeler de son portable. Et cela aussi, c’était inhabituel, parce que la seule raison pour laquelle il possédait un téléphone portable, c’était parce que ses filles l’y avaient contraint. Lorsqu’il en avait fait l’acquisition, il était passé par une brève phase d’achat compulsif d’applications – des calculatrices scientifiques de toutes sortes, pour la plupart – puis s’en était complètement désintéressé et évitait tout bonnement de s’en servir désormais. »

 

 
 
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