o n  l  a  v u
 Gilmore Girls 
« Pop névroses familiales »

On a connu des hivers moins moroses. Et, en plus, il n’a même pas neigé. Deux excellentes raisons de faire une pause vintage. Malgré l’obsession du réel qui plombe souvent les productions françaises, il est assez évident que la fantaisie est l’un des ingrédients essentiels des séries qui deviennent cultes. Comme « Gilmore Girls », par exemple, la suggestion de la semaine.

Rares sont ceux qui, après l’avoir visionnée, n’ont pas eu l’envie de déménager d’urgence au milieu de nulle part, aux États-Unis d’Amérique. Vu de France, et a priori, cela s’appelle un trou perdu. Mais en vérité, cela porte un nom et correspond à des coordonnées géographiques : Stars Hollow. Ce qui vu de France, et a priori, peut porter à confusion. Oui, cela évoque une marque de bubble gum. Mais ce n’est pas un problème puisque « Gilmore Girls » est aux séries ce que la barbe à papa est à la confiserie. Un truc bien sucré, saturé en rose et mega boosteur de moral.

voire une bande annonce

La prémisse est pourtant plus mince qu’une feuille de papier. Une mère célibataire se débrouille comme elle peut pour élever une ado qu’elle a eue quand elle était elle-même ado. De ce tout petit rien, Amy Sherman-Palladino a pourtant fait une œuvre vénérée de ses fans. Sans doute car au-delà de la forme délicieusement pop, elle aborde une préoccupation universelle. Au cœur de sa proposition acidulée, la question cruciale de la maternité et du lien filial.

La question est posée à travers le quotidien de trois générations de femmes. Lorelai, la mère. Géniale, Lauren Graham qui, à elle seule, a inventé l’adulescence responsable. Accro au mauvais café américain, aux décos de Noël et surtout à la… neige qui la met en joie (et nous avec elle), elle s’est donné pour mission d’enchanter le quotidien de sa fille, Rory. Une ado précoce propulsée par ses résultats académiques dans un établissement élitiste que sa mère qui bosse dans un hôtel n’a pas les moyens d’assumer. Entre alors en jeu la grand-mère, Emily. Arc-boutée sur ses principes très Ivy League, elle ne se remet pas des choix de vie de sa fille. Si elle accepte de financer les coûteuses études de sa petite-fille en échange d’un dîner hebdomadaire, elle a évidemment un agenda. Elle rêve pour Rory de l’existence que Lorelaï a refusée.

Malgré son ton léger et sa religion des bons sentiments (à Stars Hollow, c’est la fête des voisins tous les jours), « Gilmore Girls » touche car elle ne se contente pas de traiter de la névrose familiale. Elle offre un antidote. « Quand tu es tout seul, ce n’est pas grave, regarde bien, il y a les autres » suggère Amy Sherman-Palladino. Car la créatrice a aussi la religion du bon côté du genre humain. Ce n’est pas de la naïveté. Mais une conviction. Et au cœur de l’hiver morose, cela fait du bien.
Marianne Levy
« Gilmore Girls ». 7 saisons. Amazon Prime Video 

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