o n  l  a  v u
 Hollywood 
« Hollywood revu et corrigé »

Il était une fois Hollywood… tout différemment. C’est le parti pris par Ryan Murphy et Ian Brennan. Ils signent « Hollywood » une mini-série en sept épisodes pour Netflix dans laquelle ils revoient et corrigent l’âge d’or d’Hollywood selon leurs termes. Le progressisme y triomphe du conservatisme. Les minorités y sont plus fortes que l’ostracisme dont elles font l’objet. Rembobinage.

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  1. La guerre est terminée. Pas ses conséquences. Tout s’est passé très vite pour ceux qui en sont revenus. Trop vite pour Jack Costello qui se retrouve marié et futur père de jumeaux. Un cauchemar pour un gars équipé de peu de choses dans la vie, si ce n’est un physique avantageux. A Los Angeles, d’avantageux à cinématographique, il n’y a que peu de pas. Forcément, on le retrouve parmi ceux qui font le pied de grue devant les grilles du studio Ace dans l’espoir de se voir sélectionné par une directrice de casting. Mais à Hollywood rappellent Murphy et Brennan même le destin a besoin d’un coup de pouce… Acculé par les charges financières, Jack finit par accepter un job dans une station service d’un genre particulier. Une station où les clients s’arrêtent pour faire le plein de bonheur artificiel en jolies compagnies. Une façon de réclamer leur part du rêve. Du sexe tarifé.

Il va y rencontrer d’autres artistes notamment Archie Coleman, un scénariste noir et homosexuel dont le film « Peg » va retenir l’attention du studio. Il y est question de la trajectoire dramatique d’une actrice qui finit par se jeter du haut des lettres Hollywood, désespérée de ne pas avoir réussi à briller au firmament.

Entre Jack et Archie commence alors une improbable ascension. Ils seront rejoints par Raymond Ainsley, un réalisateur intègre, qui vit avec Camille Washington, une somptueuse et talentueuse actrice noire, et d’autres outsiders de la machine à divertir… Jusqu’où parviendront-ils dans un monde ultra formaté pour ne rien représenter de ce qu’ils sont ? C’est la question qui sert de fil conducteur à la mini-série.

Ryan Murphy est connu pour ne pas être économe sur le show. Au-delà d’une écriture engagée, ses séries (Glee, American Crime Story…) se caractérisent par une esthétique ultra sophistiquée qui souligne chaque fois son propos. C’est forcément en Technicolor qu’il s’attaque à l’âge mythique d’Hollywood. Comme pour surligner qu’il n’est pas tombé dans le panneau, les trois premiers épisodes, consacrés à la galère des artistes, font presque place exclusive au cynisme. Le vin est triste. Le sexe, sordide. La création, glauque. Et puis, tout change. Enfin dans la direction de la mini-série. A commencer par la caméra qui ne filme plus les hommes comme dans un tableau. Marionnettes impuissantes d’un monde où ne peut exister aucune forme d’idéal. La caméra se rapproche. Elle se place à hauteur de leurs émotions. Et de leur projet devenu fou. Comme le titre du film qui a changé. « Peg » est devenu « Meg ». Le rôle star sera confié à Camille Washington. Les quatre derniers épisodes s’exonèrent du possible. S’affranchissent du réalisme. Militent pour une version alternative de l’Histoire. Une version plus forte que les préjugés ou le Klu Klux Klan. Une version où l’art est plus fort que l’argent. Murphy et Brennan assument. On se dit que leur regard sur le monde d’hier est destiné à rappeler qu’aujourd’hui les avancés sont fragiles. Et qu’Hollywood peut et doit assumer ses responsabilités en matière de représentation. Il était une fois… l’Amérique d’aujourd’hui.

Marianne Levy
« Hollywood ». Netflix. Sept épisodes.
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