Bakhita
Véronique Olmi

Le Livre de Poche

472 p.  8,70 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

CET OUVRAGE FAIT PARTIE DE NOTRE SELECTION 
q u o i  l i r e ? #1
l’avis des libraires

C’est également le coup de coeur
de la Maison de la presse de Caussade
dans le q u o i  l i r e ? #69

 

partagez cette critique
partage par email

Quel destin !

Bakhita est née au Darfour dans les années 1870, elle a été enlevée à sept ans pour être vendue comme esclave, a subi toutes les horreurs que l’on peut subir dans de telles circonstances puis, rachetée par le consul d’Italie, a fini par être affranchie avant d’entrer dans les ordres et d’être canonisée par Jean-Paul II. Quel destin ! Bakhita aurait pu dix fois devenir l’héroïne de films ou de livres, mais il faut croire qu’elle attendait Véronique Olmi pour la sortir de l’ombre. Celle-ci s’est emparée de cette histoire avec passion, envoûtée par son personnage.

Lire notre interview de Véronique Olmi

partagez cette critique
partage par email
 Les internautes l'ont lu

Bakhita

L’auteur explique que c’est sur un coup de foudre sans rapport à la religion qu’elle a entrepris de raconter l’incroyable histoire de Bakhita, jeune esclave noire, qui en l’an 2000 sera canonisée par Jean- Paul II .
Il est en effet incroyable le destin de cette petite fille née au Darfour en 1869 et victime à l’âge de 6 ans de la traite négrière musulmane.
Les bras aimants de sa maman manqueront toute sa vie à Bakhita, alors même qu’elle aura oublié son prénom, son pays et que seules les pires violences lui seront familières.
Ces violences commencent dès son rapt et là le souffle littéraire de V.Olmi m’a happée comme rarement. Plus de 300p sur la force d’âme de cette petite fille qui va vivre un danger permanent au cours de ses cinq changements de « propriétaires ».
Et une seconde partie, plus calme, moins misérable , enfin un peu moins misérable.
Elle arrive en Italie à la fin du XIX siècle, et là elle devient un objet de curiosité , on la goûte, on craint de la voir déteindre sur les draps , elle serait la figure du diable, on la craint même dans la communauté religieuse où elle se retrouve ; elle est si noire !
C’est son empathie pour les démunis , son amour des enfants, son humilité, sa découverte difficile de la foi à Venise chez les sœurs canossiennes qui vont faire d’elle une femme libre après un retentissant procès à Venise.
Elle devient religieuse, puis viennent Mussolini, les guerres coloniales en Lybie et en Ethiopie ,puis la « pureté de la race »; Bakhita va traverser tout cela avec une volonté de vivre et une bonté permanente , elle qui n’était plus rien depuis sa petite enfance. Une sacrée bonne femme que Bakhita ! Et quel texte vibrant que celui de V.Olmi.

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

Au moment de la rentrée littéraire de septembre dernier, mon regard avait été attiré par la photo de cette belle jeune femme sur la couverture. Le titre était également étrange, exotique.

J’avais un peu entendu parler du sujet de ce livre, très fort, très dur et j’ai un peu hésité avant de l’emprunter à la médiathèque. Mais l’appel de Bakhita a été plus fort que ma résistance. Et je dois avouer que j’ai été profondément touchée par le récit de sa vie que Véronique OLMI déroule devant nous d’une façon absolument remarquable.

A l’âge de 7 ans, la fillette est volée à sa famille pour être revendue comme esclave. Les petites filles sont une marchandise de grande valeur, on peut aisément deviner pourquoi. Commence alors une descente aux enfers qui va durer pendant plus de 10 ans.

De son Darfour natal, de sa famille, il ne lui reste rien. Pas même son nom puisqu’on la surnomme Bakhita. Mais tous les soirs, la fillette regardera le ciel étoilé, comme le faisait sa mère. Le souvenir de cette dernière, de sa soeur jumelle et de sa soeur aînée enlevée comme elle resteront toujours vivaces dans son coeur.

Peut-être est-ce de cela qu’elle puise la force, l’instinct de survie qui se trouve en elle et lui permettra de faire basculer son destin ?

Je ne veux rien dévoiler de son histoire, seulement les grandes lignes : après avoir été revendue plusieurs fois, brimée, torturée, violée, elle finira par arriver dans la famille du consul d’Italie qui cédera à sa demande de l’emmener avec lui lors de son retour en Europe. C’est là qu’une suite de rencontres vont faire basculer sa vie.

Bakhita deviendra religieuse. Elle aura toujours à coeur de s’occuper des enfants pauvres ou orphelins. Elle consolera les soldats blessés pendant les deux guerres mondiales. Un temps utilisée par les fascistes pour servir leur propagande, Bakhita ne ménagera jamais sa peine pour apporter du réconfort à ceux qui souffrent.

Son nom de religieuse était Madre Giuseppina Bakhita, le pape Jean Paul II l’a déclarée en 1995 patronne du Soudan.

Lorsque j’ai refermé ce livre après en avoir lu la dernière page, j’étais comme « sonnée » par la puissance de cette femme et la beauté de son âme.

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

De l’esclavage à la sainteté

Véronique Olmi nous conte l’histoire bouleversante de Bakhita. Une femme au destin incroyable.

Née en 1869, elle a 7 ans lorsqu’elle est razziée dans son village natal du Soudan. Elle est enlevée par des négriers musulmans. Elle devra endurer l’insupportable, trouvera une énergie et une force pour vivre incroyables. Imaginez, mais c’est presque inimaginable, des conditions de vie innommables, l’isolement, la crasse, la peur, la douleur, les longues marches attachée aux fers. Garder l’espoir grâce à Binah, sa compagne de misère avec qui elle sera vendue. L’espoir par la fuite, l’espoir de retrouver sa soeur Kishmet vendue bien avant elle…

Les coups, la souffrance.. L’arrivée au harem. Elle a moins de douze ans, sort à peine de l’enfance et a déjà tout enduré : torture, scarification, abus et violence, elle a vu des soeurs mourir, périr de souffrances abominables.

Vendue pour la cinquième fois à un consul italien, cette rencontre décisive va changer sa vie et la mener en Italie.

Bakhita c’est le don pour l’autre, elle a une compassion sans faille, elle rencontrera Stefano qui veut l’adopter, lui donner une éducation. Elle ira étudier chez les soeurs Cannassiennes de Venise, elle y rencontrera la foi, « l’illumination ».

Celle que l’on nommera « La Moretta » accepte son sort, elle donnera sa vie à Dieu et aux autres. Tour à tour esclave, captive, domestique, religieuse et sainte.

Un destin hors du commun qui nous parle de l’esclavage, de la société, de l’Histoire majuscule avant l’avènement du fascisme, du Duce, des guerres mondiales.

Une plume magnifique, un récit qui se partage en deux parties : Le Soudan, l’enfance et les horreurs subies par la fillette dans le monde de l’esclavagisme et son parcours vers la foi, sa vie de religieuse, dévouée toujours aux autres jusqu’à sa sainteté.

L’écriture est poétique même si la noirceur, la violence de la première partie est parfois insoutenable. La narration est magnifique, une plume très visuelle dégageant énormément d’humanité. Un récit lumineux. C’est sans conteste mon troisième gros coup de coeur de cette rentrée.

Coup de coeur ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

Pour qu’une histoire soit merveilleuse, il faut que le début soit terrible, bien sûr, mais que le malheur reste acceptable et que personne n’en sorte sali, ni celle qui raconte, ni ceux qui écoutent.

Il y aura toujours en elle deux personnes : une à la merci de la violence des hommes, et l’autre, étrangement préservée, qui refusera ce sort. La vie mérite autre chose. Elle le sait.

Elle ne comprend pas la phrase, elle comprend le sentiment. Et c’est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l’intuition, ce qui émane d’eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois.

C’était un mystère et un espoir, c’était surtout une envie de vivre encore, l’interstice par lequel passe la dernière force humaine, avec la certitude fulgurante et violente de ne pas être totalement seule.

Pourtant, traitées comme des bêtes, maltraitées par les bêtes, enfermées, piétinées, attachées, leur personnalité, leurs rêves, et même une partie de leur innocence, ce qu’ils sont, demeurent.

La vie était un carnaval aux masques trompeurs, à la joie factice, une fête susceptible de si vite s’interrompre.

C’était un monde clos, peuplé de maîtresses et d’esclaves, toutes vivaient ensemble et toutes étaient captives.

Être nue à Olgossa était aussi naturel que l’herbe dans le vent, être vêtue d’un simple pagne dans la maison du maître est une honte permanente.

Bakhita comprend qu’on peut tout perdre, sa langue, son village, sa liberté. Mais pas ce que l’on s’est donné. On ne perd pas sa mère. Jamais. C’est un amour aussi fort que la beauté du monde, c’est la beauté du monde. Elle porte la main à son coeur, et elle pleure, des larmes de consolation. Elle a si peur de la perdre.

Mais elle ne sait pas écrire. Et tous autour d’elle parlent des langues nouvelles, les mots sont comme les pays sur la carte, changeants et lointains, elle ne peut les relier à aucun des sentiments qui l’habitent, et elle s’isole dans cette incertitude.

L’esclavage ne s’efface pas. Ce n’est pas une expérience. Ça n’appartient pas au passé. Mais si elle a le droit d’être aimée, alors ce jour qui vient est sa récompense. Elle a marché jusqu’à ce jour. Elle a marché des années. Marché jusqu’à el Paron. Pour ne plus jamais obéir à d’autres ordres, ne plus jamais se prosterner devant d’autres maîtres.

Elle a la force maintenant pour aimer les autres. Maintenant que sa vie est dans des mains plus hautes.

Elle voudrait leur dire comme la vie est rapide, ce n’est qu’une flèche, brûlante et fine, la vie est un seul rassemblement, furieux et miraculeux, on vit on aime et on perd ceux que l’on aime, alors on aime à nouveau et c’est toujours la même personne que l’on cherche à travers toutes les autres.

Retrouvez Nathalie sur son blog 

partagez cette critique
partage par email
 
coup de coeur

Un chemin de croix…

Si l’on m’avait dit que lire une histoire de sainte me mettrait dans un tel état, je n’y aurais pas cru. Eh bien, c’est chose faite avec Bakhita qui a littéralement épuisé ma réserve de mouchoirs en papier. Attention, il n’y a aucune ironie dans mes propos et je ne veux pas dire que c’est un livre à l’eau de rose, mélo à souhait, non, pas du tout, Bakhita est tout simplement un texte magnifique, d’une pure beauté, à l’image de la femme dont il peint la destinée. C’est un roman qui m’a complètement transportée, profondément bouleversée grâce à la langue de Véronique Olmi qui a su exprimer à la fois avec beaucoup de puissance et beaucoup de pudeur toutes les souffrances de Bakhita et la terrible et semble-t-il infinie violence des hommes.
Il est d’ailleurs difficile d’imaginer toute la violence que peut subir une jeune esclave enlevée enfant à sa famille habitant un petit village du Darfour, vendue par les uns, achetée par les autres, violée, battue, mal nourrie, assoiffée, obligée de marcher enchaînée sur des kilomètres en plein désert, de dormir au sol piétinée par des bêtes, contrainte d’assister à des scènes insoutenables de torture ou de meurtre et de se séparer toujours des êtres auxquels elle parvient à s’attacher.
Une vie en forme de chemin de croix…
La mort à côté est presque un soulagement, mais de la mort, Bakhita (« la chanceuse » surnommée ainsi par ses ravisseurs musulmans – quelle ironie !) n’en veut pas et toujours, elle s’accroche à la moindre petite étincelle qui la retient à la vie, aussi ténue soit elle.
Ces moments fugaces où elle regarde le ciel, la lune, les étoiles, contemple la beauté du monde, repense à sa famille, celle qui lui a donné un nom maintenant oublié, sont magnifiques et très émouvants. Purs moments de grâce, petites fenêtres qui lui permettent d’échapper par l’esprit, très ponctuellement, à l’enfer de sa vie, à l’inhumanité qui fait son quotidien. Quelle fascinante force mentale…
C’est en visitant l’église Saint-Jean-Baptiste à Langeais, ville près de laquelle Véronique Olmi possède une maison, que cette dernière découvre, à travers quelques photos, Bakhita.
Elle est littéralement happée par ces portraits au point qu’elle abandonne le livre qu’elle était en train d’écrire et se lance dans des recherches qui vont la conduire à la rédaction de ce très beau roman.
Bakhita née et enlevée au Darfour en 1876 finira par échapper à ses nombreux tortionnaires en étant achetée par le consul italien de Khartoum, Calisto Legnani, qui va l’emmener en Italie où, après moult péripéties (car être noire en Italie, à cette époque, c’est être le diable), elle deviendra religieuse. Elle sera canonisée le 1er octobre 2000 par Jean-Paul II.
Ce roman fait ainsi le portrait d’une femme inoubliable, pleine d’humanité, dévouée corps et âme aux autres, se donnant sans compter jusqu’à la fin de son existence. C’est aussi une femme immensément amoureuse de la vie, ce qui lui a donné cette force extraordinaire, cette capacité de supporter la douleur, la souffrance.
Bakhita est aussi un livre qui nous rappelle que l’esclavage existe encore, que ce qu’a vécu cette femme, certains (es) – et ils/elles sont nombreux(ses) : quarante-six millions de personnes dans le monde ! – le vivent aujourd’hui, ne l’oublions surtout pas.
Enfin, Bakhita est aussi l’histoire d’une époque terrible – finalement, toutes les époques ne le sont-elles pas ?- où se mêlent esclavage, colonialisme, racisme, nazisme, fascisme et la pauvre Bakhita, à peine sortie de l’horreur la plus complète, replonge dans la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences désastreuses. Elle a à peine le temps de respirer un peu que le pire, de nouveau, est là. Quel destin terrible…
Pour moi, tout ça vaut bien un prix Goncourt, non ?

Retrouvez Lucia-Lilas sur son blog

partagez cette critique
partage par email