o n  l  a  v u

 The wire 
« Radiographie de l’Amérique »

Un homme noir est mort. Asphyxié pendant 8 minutes 46 secondes par un policier blanc qui le maintenait à terre en écrasant son cou avec son genou. I can’t breath a répété George Floyd. Je ne peux pas respirer. Une impossibilité exprimée face à terre et menottes aux poignets qui n’a rien empêché. George Floyd est mort. Et une nouvelle fois un vent de révolte s’est levé en Amérique, réunissant toutes les couleurs d’un pays qui n’en peut plus du racisme qui fait tomber les hommes, détruit les foyers et gangrène sa société. Un homme noir est mort à Minneapolis. Mais il aurait pu mourir, comme tellement d’autres avant lui, dans une autre mégalopole américaine. A Baltimore, par exemple. Une ville qui a donné lieu à « The Wire », une oeuvre tout à la fois sociologique et politique.

                                                                                            voir la bande annonce (V.O)

Créée par David Simon, un ancien journaliste du « Baltimore Sun », la série radiographie la société américaine. Elle pose un diagnostic complexe et saisissant car elle traite des hommes mais aussi de systèmes. Des hommes noirs victimes de violences policières. De la vie des hommes noirs. De celle de leur famille. De la police. De la justice. De l’éducation. Du journalisme. Et de la politique. Il est question de tout cela dans « The Wire » au point qu’elle fait même l’objet d’un enseignement dans certaines universités prestigieuses.

Chaque saison s’arrête donc sur ce qui sert de socle à une démocratie. Enfin à ce qui devrait lui servir de socle. Car la crise est évidemment passée par Baltimore. La machine à exclure tourne à plein. Les discriminations pullulent. La corruption est plus forte que les bonnes volontés. A sa façon, David Simon livre sa version du bon, de la brute et du truand. Sauf qu’il affirme lui que les frontières sont poreuses. Elles fluctuent avec les intérêts d’un système bien plus fort que ses protagonistes. Elles délimitent un théâtre dans lequel la fatalité agit aussi efficacement qu’une tragédie grecque. Le journaliste n’a rien perdu de sa rigueur en devenant scénariste. Il a juste changé de mode d’expression. Sa fiction ultra réaliste, monument d’empathie, lui permet de regagner une audibilité que la presse écrite a perdue en Amérique. Il passe par le coeur pour exposer les faits. Il passe par les personnages pour donner à comprendre. Il a des choses à dire sur son pays. Le journalisme l’en empêchait. La série lui a offert une tribune. Il s’en est saisi.
Marianne Levy
The Wire. OCS et My Canal

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